Rapport du FMI : Pour la FGTB, l’austérité n’est pas la solution

Selon l’institution internationale, un ajustement budgétaire "opportun et durable" serait indispensable pour relever les défis à venir. Le FMI recommande une restriction des dépenses à tous les niveaux et préconise des réformes, notamment dans les domaines de la fiscalité, des pensions et des soins de santé. Pourtant, le déficit n’est pas imputable uniquement aux dépenses sociales. Une analyse correcte des dépenses publiques s'impose.

Une étude de la Banque nationale (BNB) de 2021 a déjà montré que les subventions salariales aux entreprises constituent un poste qui pèse très lourd dans les dépenses publiques. En 2020, ces subventions s'élèvent à plus de 9 milliards d'euros. Dans les pays voisins, elles n'existent pratiquement pas. La BNB a également souligné que les réformes successives de l'État ont eu un impact important sur le déficit.

 

Réduire les dépenses publiques, c'est perdre

 

Rappelons tout d’abord que nos dépenses sociales ne sont pas exorbitantes. Le groupe de réflexion Minerva a chiffré cette observation : si l’on considère tous les budgets de protection sociale (soutien fiscal, etc.), nous dépensons un peu moins pour la sécurité sociale et la santé que nos voisins. Mais ces dépenses représentent avant tout un choix de société. Celui d’un modèle d'État solidaire. Modèle dont le FMI admet lui-même qu’il "a réussi à réduire les inégalités et à atténuer les effets des nombreux chocs économiques". Nous remettons donc fortement en question le plaidoyer pour les économies budgétaires sur ces postes.

Ensuite, les économies budgétaires frappent les citoyens et citoyennes sans rendre le pays plus résistant. Réduire les allocations, diminuer les pensions, rogner sur la qualité des soins de santé... engendre une dégradation de la qualité de vie. Et donc une perte de confiance dans le gouvernement, dans la politique, voire dans notre système démocratique.

Enfin, nous sommes résolument opposés à la suggestion du FMI de "revoir l'indexation automatique des salaires", alors qu’il s’agit précisément du mécanisme qui a maintenu le pouvoir d'achat et l'économie à flot pendant la période de crise. Tous les chiffres - dont ceux de la BNB - indiquent qu'il n'y a pas d’emballement des prix lié à cette indexation salariale. Au contraire, l'inflation dans notre pays est plus faible qu'ailleurs.

 

Taxer correctement, c'est gagner

 

Quelle est la prochaine étape ? Le FMI appelle à plus de "cohérence" dans l’imposition du capital. Pourquoi, dès lors, ne pas accorder plus d’attention à des mesures fiscales qui ne nuisent ni à l'économie, ni aux ménages, ni aux travailleuses et travailleurs. Envisageons un impôt sur les plus-values (inexistant en Belgique !), les surprofits des entreprises et les grosses fortunes.

Dans un récent avis du Conseil Central de l’Économie (CCE), les partenaires sociaux (qui incluent donc les employeurs) mettent en garde contre une restriction du cadre budgétaire européen, en particulier à la lumière de la transition numérique et climatique. C'est précisément la raison pour laquelle La FGTB remet fortement en cause la proposition du FMI d'un effort budgétaire de 5,7% du PIB, cumulé sur 5 ans, ce qui représente plus de 30 milliards d'euros.