Le Baromètre socio-économique 2024 : Les travailleurs et travailleuses belges rapportent de plus en plus aux patrons.
Après avoir compilé et analysé une série d’indicateurs socio-économiques, une chose est certaine : la FGTB ne fera pas profil bas lors des prochaines négociations de l’AIP. Et ne cédera pas aux discours alarmistes et catastrophistes de la droite. Pour la deuxième année consécutive, il ressort du baromètre que l’économie belge se porte plutôt bien. Mais que la population n’en ressent pas les effets et que les conditions de travail se détériorent.
Conclusion : il y a de la marge mais il faut mieux répartir les fruits de la croissance. C’est le message qui est lancé aux négociateurs du futur gouvernement fédéral. Ni misérabilisme, ni rage taxatoire. Le changement requiert du courage, le sens de l’équité et de la volonté politique. On ne peut pas rendre sa valeur au travail en écrasant celles et ceux qui créent cette croissance.
Principaux constats :
- Pouvoir d’achat sous pression : L’indexation automatique protège partiellement le pouvoir d’achat, mais les salaires restent structurellement inférieurs à la hausse de productivité. Parallèlement, les bénéfices des entreprises atteignent des niveaux records.
- Sécurité sociale fragilisée : Les allègements fiscaux accordés aux employeurs et la flexibilité croissante des emplois affaiblissent la sécurité sociale. Les minima sociaux sont encore souvent en-dessous du seuil de pauvreté.
- Souffrance au travail accrue : Le nombre de burn-out, de maladies de longue durée et de cas de stress au travail continue d’augmenter.
L’indexation : un moteur économique
Grâce à l’indexation automatique et au chômage temporaire, la Belgique a mieux résisté économiquement. En 2022, les salaires réels ont baissé de 3,1 %, mais l’indexation a permis une reprise de 5,3 % en 2023. L’économie a progressé de 1,2 %, un chiffre supérieur à la moyenne européenne. Toute remise en cause de ces mécanismes nuirait au pouvoir d’achat et à la stabilité économique.
Salaires et profits
Depuis 2000, la productivité a augmenté de 20 %, tandis que les salaires réels sont restés à la traîne. Pendant ce temps, les marges bénéficiaires des entreprises atteignent 42 % de la valeur ajoutée en 2024. Une réforme de la loi sur la norme salariale est indispensable pour répartir équitablement les fruits de la croissance.
Sécurité sociale : une pression insoutenable
Les « niches » fiscales profitant aux employeurs grèvent le financement de la sécurité sociale. En 2023, l’ensemble des subventions aux entreprises a dépassé 15 milliards, alors 40% des bénéficiaires de prestations sociales vivent sous ou près du seuil de pauvreté. Une réforme fiscale équitable est nécessaire.
Santé et bien-être au travail
Le nombre de malades de longue durée a augmenté de 23 % en cinq ans, atteignant 494 000 personnes en 2023. Le stress et l’épuisement professionnel sont à des niveaux critiques. Une réduction collective du temps de travail s’impose pour rétablir un équilibre viable.
Fiscalité et investissements
Les exigences budgétaires européennes menacent les investissements dans la transition écologique, les services publics et la sécurité sociale. Parallèlement, les grosses fortunes contribuent très peu aux recettes fiscales. Une justice fiscale est urgente.
Recommandations
Le baromètre revient sur des mesures concrètes pour une économie plus juste :
- Réformer la loi sur les normes salariales (dite loi de 1996)
- Maintenir et renforcer l’indexation automatique.
- Garantir le financement de la sécurité sociale et augmenter les minima sociaux
- Investir dans la transition écologique et l’industrie.
- Donner la priorité à la justice fiscale.
Thierry Bodson, Président de la FGTB, déclare : « Une fois de plus, la situation est sous contrôle et la Belgique reste dans le peloton de tête. Tout démontre que notre système de protection sociale fonctionne et que l’indexation automatique des salaires n’est pas un handicap pour la compétitivité. Il est possible de rencontrer nos revendications en termes de salaires, de sécurité sociale et de fiscalité. Nous avons les marges suffisantes. Nous ne la jouerons pas trop modeste lors des négociations de l’AIP. Les cadeaux aux entreprises, les heures sup à n’en plus finir, le travail de nuit bon marché… dans un pays où les marges bénéficiaires des entreprises dépassent celles de tous les pays voisins : il faut arrêter ».