Un flux de 25 milliards par an de subsides publics aux entreprises : un luxe impayable !
Record battu ! En 20 ans, le flux de subsides publics vers les entreprises a quasiment doublé. Alors que le gouvernement cherche 10 milliards d’euros pour combler l’écart entre les recettes et les dépenses publiques, la Banque nationale de Belgique (BNB) pointe, dans un nouveau rapport, un record absolu de subsides aux entreprises. Nous demandons la fin de ces dépenses somptuaires. Les subsides doivent être ciblés et alloués uniquement là où ils créent de l’emploi et développent l’activité. L’argent public ne peut plus servir d’argent de poche aux entreprises. Une évaluation du dispositif s’impose, d’urgence.
Ce rapport, fraîchement publié, révèle qu’il n’y a jamais eu autant de subsides accordés aux entreprises : la Belgique consacre chaque année 25 milliards d’euros de subsides et d’aides à l’investissement, soit 4,1 % du PIB, presque le double du niveau de 2000. Aucun pays voisin ne s’en approche : les Pays-Bas, par exemple, n’y consacrent que 1,6 % de leur PIB.
“Jusqu’à présent, les subsides aux entreprises ont été soigneusement gardés en dehors du débat public, mais il est désormais impossible de nier l’évidence”, déclare Thierry Bodson, Président de la FGTB. “Dans une période de contraintes budgétaires, il est irresponsable d’ignorer ces subsides, alors qu’ils représentent le double du budget consacré à l’ensemble des allocations de maladie en Belgique — un poste sur lequel le gouvernement Arizona envisage encore des économies.”
L’augmentation des subsides aux entreprises s’explique principalement par la hausse des subsides salariaux, qui représentent les deux tiers de l’ensemble. En vingt ans, le volume total des subsides salariaux a quadruplé. Les entreprises reçoivent notamment des subsides pour le travail en équipes, le travail de nuit et les heures supplémentaires. Ainsi, l’argent public sert massivement à subventionner du travail nocif pour la santé, alors même que le nombre de burn-outs atteint des sommets.
Puisque l’efficacité des subsides salariaux n’a jamais été démontrée, la FGTB plaide pour une évaluation rigoureuse. Ce n’est pas un hasard si la Cour des comptes rappelait encore en 2023 qu’il fallait “lier à chaque subvention des objectifs précis, concrets et mesurables” et “renforcer les contrôles, en particulier pour les subsides destinés au travail de nuit, au travail en équipes, aux heures supplémentaires et à la R&D”.
Un constat frappant ressort également du rapport : la forte hausse des marges bénéficiaires des entreprises entre 2000 et 2024 correspond pour moitié à la hausse des subsides salariaux.
“Un euro public doit servir à créer de l’emploi, pas à gonfler les profits”, souligne encore Thierry Bodson“ Nous exigeons que ces fonds publics soient utilisés de manière efficace. Une évaluation sérieuse de la dépense publique la plus dynamique de ces dernières décennies pourrait, selon nos estimations, rapporter jusqu’à 1 milliard d’euros d’ici 2029.”
Pour rappel : si l’on tient compte des subsides salariaux et des réductions de cotisations patronales, le coût du travail en Belgique a augmenté 2,4 % moins vite que dans les pays voisins, depuis 1996.