Extension du travail de nuit sur le dos des travailleurs et des travailleuses
Le gouvernement Arizona s’emploie à régler les soi-disant « derniers détails » de l’accord de l’été. « Une fois de plus, c’est le travailleur qui paie avec davantage de pression, plus d’horaires atypiques et moins de protection … sans aucune concertation», déclare Thierry Bodson, Président de la FGTB.
L’accord d’été ne parlait d’un élargissement du travail de nuit dans « le secteur de la distribution et les secteurs apparentés, y compris l’e-commerce ». Soudain, ce groupe s’élargit considérablement : le commerce des métaux, le commerce du bois, le commerce de combustibles et les électriciens sont entraînés dans de nouvelles règles qui font commencer le travail de nuit plus tard et le rémunèrent différemment. Concrètement : on étire la journée de travail « normale » : de 6 h du matin à 23 h. Une journée de TRAVAIL qui dure jusqu’à 23 h de la NUIT.
Un parti gouvernemental, le MR, affirmait récemment que « 100 % des travailleurs de nuit conserveraient 100 % de leur prime ». En réalité , cela ne vaut que pour ceux qui perçoivent déjà une prime de nuit aujourd’hui, et les employeurs « en difficulté économique » pourront diminuer cette prime pour ces mêmes travailleurs de nuit. Quelque chose nous dit que le nombre d’entreprises « en difficulté économique » va exploser.
Les nouveaux travailleurs et travailleuses auront moins de droits. « Cela divise les travailleurs au sein d’un même lieu de travail. Ils effectuent la même tâche, mais avec un package salarial différent », souligne Thierry Bodson.
Le Conseil d’État a déjà été parfaitement clair : avec cette mesure, « la rémunération de travailleurs ayant un profil équivalent, qui exercent la même fonction, peut fortement diverger ». En bref : cette mesure réduit les primes pour les nouveaux entrants, organise l’inégalité sur le lieu de travail et est juridiquement plus que douteuse.
Le travail de nuit et le travail en équipes sont mauvais pour la santé : troubles du sommeil, problèmes digestifs, risques cardiovasculaires, risque accru de diabète et de différents cancers… L’être humain n’est pas fait pour travailler structurellement la nuit. Pourtant, le gouvernement encourage le travail nocturne, alors que le nombre de malades de longue durée et de burn-outs atteint déjà un niveau record. La logique Arizona est bancale. Certaines formes de travail de nuit ou en équipes coûtent déjà moins cher que le travail de jour en raison de subsides. Veut-on vraiment que l’État continue à dépenser des milliards dans un système de subsides salariaux qui stimule des horaires nuisibles à la santé et à la qualité de vie ?
Le gouvernement Arizona choisit systématiquement le camp des employeurs : moins de freins, plus de cadeaux. Pour les travailleurs : plus de pression, plus de flexibilité, plus de risques ; moins de protection, moins de primes. Thierry Bodson : « Au lieu de booster les horaires de travail malsains pour les gens, le gouvernement ferait mieux de réformer les très coûteux subsides aux entreprises, et ne pas les augmenter aveuglément ».