Fête du 1er mai // Syndicalistes. Pas criminel.le.s
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1ER MAI// À l’occasion de la fête des travailleuses et travailleurs, et des menaces qui pèsent sur les libertés syndicales en Belgique, le Président de la FGTB, Thierry Bodson, revient sur une histoire. La nôtre. « Celle du mouvement ouvrier, celle de la journée des 8 heures, celle des congés payés, celle du suffrage universel, celle des libertés et des droits sociaux… » D’hier, d’aujourd’hui et de demain.
Un peu d’histoire…
Le 1er mai 1886 aux Etats-Unis, des militants syndicaux organisent une grève pour revendiquer la journée des 8 heures. Le mouvement dure et se durcit. Les affrontements entre forces de police et manifestants dégénèrent. Huit syndicalistes, dont les leaders du mouvement ouvrier, seront condamnés suite à un attentat à la bombe, qui a coûté la vie à des policiers. Quatre d’entre eux seront pendus. Un cinquième se suicidera en prison. Le véritable auteur de l’attentat ne sera jamais identifié.
Car en réalité, la plupart des militants accusés n’étaient pas présents au moment des faits. La vérité sera rétablie 7 ans plus tard. Mais il fallait faire un exemple. Faire passer un funeste message à celles et ceux qui auraient eu l’idée de perturber l’ordre public pour faire valoir leurs droits. Entre-temps, la journée des huit heures sera acquise, pour de nombreux travailleurs américains.
C’est suite à ces événements que le 1er mai deviendra « la » date célébrée par le mouvement ouvrier dans le monde entier. Ce jour reste notre fête ! Lire l’article complet sur l’histoire du 1er mai dans Syndicats Magazine.
Autre temps, autres mœurs… autres entraves à l’action collective
En Belgique, la Cour de cassation vient de confirmer la condamnation des 17 syndicalistes du Pont de Cheratte. Pire, elle prétend que le droit de grève tel que garanti par la Charte sociale européenne ne pourrait plus être invoqué devant les juridictions belges. Pour rappel, dans cette affaire, 17 syndicalistes FGTB sont condamnés à des peines de prison avec sursis et à des amendes lourdes… simplement pour avoir été présents à une action de grève qui a interrompu la circulation de l’autoroute. Aucun acte matériel ne leur est reproché puisqu’ils sont arrivés sur les lieux après les faits.
Mais oui, ils étaient là, avec leur foulards rouges… et Facebook les a identifiés. Certains risquent aujourd’hui de perdre leur emploi et d’avoir des difficultés à en retrouver un. Simplement parce qu’ils ont exercé leur droit de manifester et de faire grève.
Une répression de plus en plus sévère
La FGTB ira en recours devant la Cour européenne des droits de l’Homme à Strasbourg avec l’objectif de faire condamner la Belgique. L’aggravation progressive de la répression est édifiante. En 2020, le Président de la FGTB d’Anvers est condamné pour entrave méchante à la circulation, sans peine de prison. Ensuite, les 17 de Cheratte écopent de 15 jours à 1 mois avec sursis. Plus récemment, un délégué CGSP vient d’être condamné à 6 mois de prison avec sursis pour avoir participé à un piquet de grève qui a endommagé la voie publique. À ces condamnations, s’ajoutent les astreintes et les intimidations dont nous sommes de plus en plus souvent la cible, nous, syndicalistes.
C’est notre histoire, camarades !
Faire grève, c’est porter atteinte aux intérêts économiques des entreprises, par essence. Notre capacité de négocier ou d’imposer la négociation est intimement liée à cette capacité de menacer les intérêts économiques. Pas de négociation sans droit de grève. Pas d’augmentation de pouvoir d’achat sans droit de manifester et de mener des actions dans la rue.
Si je vous raconte cette histoire aujourd’hui, que beaucoup d’entre vous connaissent déjà, c’est parce que c’est notre histoire, camarades ! Celle du mouvement ouvrier, celle de la journée des 8 heures, celle des congés payés, celle du suffrage universel, celle des libertés syndicales et des droits sociaux…qu’il nous faudra sans cesse protéger et étendre.
C’est l’histoire de femmes et d’hommes qui décident de se mettre en mouvement, en danger parfois, pour construire un monde meilleur, en 1886 comme en 2022. Chaque victoire est le fruit d’un rapport de forces… Ces deux dernières années, nous avons avancé sur le salaire minimum ! Nous avons avancé sur la diminution de la TVA à 6% pour l’énergie ! Nous avons avancé sur la pension minimum à 1500€/mois ! Nous sommes en train d’avancer sur la modification de la loi sur la norme salariale… GRÂCE À VOTRE MOBILISATION.
Je vous donne rendez-vous les 13 mai et 20 juin prochains pour défendre, dans la rue, le pouvoir d’achat de celles et ceux qui font la richesse de ce pays : les travailleuses et les travailleurs.
Bonne fête du 1er mai, Camarades !
Thierry Bodson, Président de la FGTB