Thierry Bodson à l'occasion du 1er mai : Pourquoi on se bat comme des lions

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« Depuis 7 semaines, les travailleuses et travailleurs de Delhaize résistent à l’annonce brutale du groupe de franchiser 128 magasins. Delhaize prétend que le passage sous franchise ne changera rien pour celles et ceux qui ont déjà un emploi. Foutaises ! Sur le terrain, on sait que TOUT va changer. Cette décision, c’est purement et simplement du dumping social. Elle sape des années de travail syndical et marque la fin d’un modèle économique où les travailleurs du groupe Delhaize pesaient lourd dans la concertation. Franchiser, en clair, cela signifie une reprise de l’activité par un commerçant indépendant ; un changement de commission paritaire avec de moins bonnes conditions de travail et de salaires ; pas ou peu de représentation syndicale. 9200 personnes sont concernées et pourtant, aucune négociation n’a été possible. L’attitude méprisante de la direction n’a fait que durcir le conflit. Et des attaques inédites, allant crescendo, visent les piquets, l’exercice du droit de grève, les syndicalistes, encore et encore. Fouilles, menottes, nuit au cachot, interventions des huissiers et force de l’ordre, décisions de justice que l’on croirait dictées par la direction de l’enseigne... Un arsenal impressionnant se déploie pour discréditer la résistance sociale des salariés, pacifistes, de Delhaize. Et une jurisprudence liberticide est en train de se construire.

L’an dernier déjà, la défense du droit d’action collective occupait une place centrale dans nos discours du 1er mai car il était gravement menacé par des décisions de justices au pénal. Aujourd’hui, la situation s’est dégradée. Les condamnations se sont succédé, nos délégué.e.s ont été intimidé.e.s, menacé.e.s, ciblé.e.s. Une campagne médiatique de dénigrement des organisations syndicales est menée par une partie de la droite, qui diffuse des fake news sur le fonctionnement et le financement des syndicats. Le Président du MR en personne se livre à un jeu dangereux qui relève davantage du trumpisme que du libéralisme. Son parti promeut un projet de loi qui consacre le droit à se rendre au travail et qui annihile le droit de grève. Ce qui ferait encourir de lourdes amendes à toute personne qui empêcherait un travailleur d’entrer dans l’entreprise un jour de grève…

En ce premier mai 2023, nous en appelons au réveil des partis démocratiques sur la questions des libertés syndicales et des droits à l’action collective.  Nous leur demandons, tous partis confondus, de prendre position publiquement pour que la justice ne puisse plus intervenir dans les conflits sociaux. Assez de « je suis pour le droit de grève mais… ». Il n’y a pas de « mais » qui tienne si on défend la démocratie.

En ce premier mai 2023, je lève le poing et salue le courage de celles et ceux qui ne se résignent pas et qui se battent en exerçant leur droit de grève. 

Je salue aussi les travailleurs de Grande-Bretagne qui ont mené le mouvement social le plus important des 30 dernières années, dans le privé comme dans le public, pour des augmentations de salaires. Les infirmières, qui tiendront jusqu’à Noël, s’il le faut.

Je salue le mouvement exceptionnel qui a eu lieu en Allemagne, la résistance des agents de sécurité et de contrôles dans les aéroports en ce moment. Je salue les fonctionnaires au Canada, qui déclenchent une grève historique pour augmenter leurs salaires. Je salue les camarades français dans leur lutte contre la réforme des retraites. Je salue et remercie les militant.e.s de la FGTB, toutes centrales confondues, qui ont répondu présent.e.s à tous les rendez-vous du plan d’action que nous avons mené pour le pouvoir d’achat et contre la loi de 1996.

Je salue toutes celles et tous ceux qui se battent, non pas pour se remplir les poches, mais pour leur dignité ! Nous sommes syndicalistes, pas criminels.

Rendez-vous à la MANIFESTATION EN FRONT COMMUN du 22 MAI, à Bruxelles. STOP aux attaques contre les droits syndicaux. STOP au dumping social.

Bonne fête des travailleuses et des travailleurs ! »

Thierry Bodson, Président de la FGTB