La FGTB ne peut que partiellement soutenir le rapport annuel de la Banque nationale
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Chaque année, le gouverneur de la Banque nationale dresse un état des lieux de l'économie belge. Ce rapport est établi au nom du Conseil de régence, dont fait partie le Président de la FGTB.
Hausse des marges bénéficiaires, indexation automatique salutaire
Une nette tendance à la hausse des marges bénéficiaires des entreprises a été observée au cours des 20 dernières années. La Banque nationale parle de marges historiquement élevées et confirme donc une tendance soulignée depuis longtemps par la FGTB.
Le pouvoir d'achat des ménages s'est avéré un facteur crucial pour surmonter la récente période de forte incertitude économique. Dans son rapport, la BNB reconnaît aussi le rôle que l'indexation automatique a joué à cet égard. Le rapport montre que l'impact de l'indexation sur la compétitivité des entreprises belges est limité et temporaire.
Pauvreté et transition climatique
Il attire l'attention sur le problème de la pauvreté de certains groupes défavorisés dans le contexte d'une inflation élevée. Et la nécessité de politiques d'accompagnement pour faire face aux effets négatifs potentiels de la transition climatique. Deux approches que la FGTB peut pleinement soutenir.
Cependant, le rapport contient des passages qui sont fondamentalement problématiques :
- Le rapport continue à donner le message implicite qu'il y a un problème de spirale salaires-prix en Belgique, alors que plusieurs organisations (internationales) confirment que ce n'est pas le cas. En outre, les marges bénéficiaires historiquement élevées sont normalisées comme étant nécessaires pour absorber le choc. Nous ne pouvons pas soutenir ce message, ces marges « record » doivent rester un fait exceptionnel.
- Le rapport comprend un appel à la modération salariale basé sur la loi de 1996, une loi que nous contestons. En outre, l'indexation et la loi de 1996 sont considérées comme les deux faces d'une même médaille, alors que ce n'est pas le cas : l'indexation est un accord conclu par convention alors que la loi de 1996 est une restriction légale à la négociation des salaires, comme l'a également noté l'Organisation internationale du travail en 2022.
- En ce qui concerne l'augmentation du taux d'emploi, l'accent reste trop unilatéralement mis sur les incitations financières et le concept d'"emploi convenable", alors que la politique du marché du travail comporte bien d'autres facettes. Par exemple, une étude récente de l’ONEm a montré que la dégressivité des allocations de chômage n'a aucun impact positif sur la transition vers l’emploi.
Pour ces raisons, la FGTB ne peut que partiellement approuver le rapport annuel de la Banque nationale.