Tarif social de l'énergie : pourquoi réformer un système qui fonctionne?

Le 24 avril dernier, une résolution parlementaire de la majorité sur la réforme du tarif social de l'énergie a été approuvée. Selon cette résolution, un Belge sur cinq pourrait bénéficier d'une aide à la facture énergétique grâce à la réforme du tarif social. L'extension du système aux travailleurs à faibles revenus est positive. Mais étant donné que le budget reste inchangé, la mise en œuvre de cette proposition va inévitablement détériorer la situation de nombreuses familles qui bénéficient du système actuellement. L'introduction d'une prime forfaitaire risque de créer un décalage entre l'indemnisation et les besoins réels. De plus, ce système de prime impose au consommateur de conclure un contrat commercial avec un fournisseur. Or, les études de la CREG démontrent que les consommateurs ne choisissent pas nécessairement les contrats les moins chers.
Environ 500 000 Belges bénéficient aujourd’hui d'un tarif préférentiel pour l'électricité. 300 000 en bénéficient également pour le gaz naturel. On peut dire qu’1 famille belge sur 10 est, sur base de son statut social, protégée des factures d'énergie impayables, surtout en cette période de turbulences énergétiques. Il s'agit notamment des bénéficiaires du revenu d'intégration, des personnes souffrant d'un handicap, des bénéficiaires de l'allocation d'intégration, et des personnes âgées bénéficiant d'une allocation de soins.
Le système actuel présente de nombreux avantages, que la CREG a également soulignés dans un avis :
- Automaticité et transparence : l'allocation se fait automatiquement sans procédures compliquées. Cela permet d'abaisser le seuil et d'augmenter l'accès.
- Simplicité et sécurité : le tarif social est identique pour tous les fournisseurs et s'applique à l'ensemble de la consommation d'énergie
- Efficacité : des études à long terme montrent que le tarif social est l'outil le plus efficace pour lutter contre la pauvreté énergétique. Cette mesure a prouvé son utilité en temps de crise.
- La force du tarif social réside dans son mécanisme : réglementé, il est le plus avantageux du marché et s'applique automatiquement à l'ensemble de la consommation d'énergie des ménages concernés. La réforme annoncée menace de réduire ces atouts à néant.
La CREG a également critiqué le système de primes qui, contrairement au système actuel, ne garantit pas un lien direct entre les aides octroyées et l'évolution du marché.
Les syndicats demandent donc une extension du tarif social existant à d'autres groupes à bas revenus, y compris des travailleurs. Ainsi que l’augmentation du budget en conséquence.