Incroyable mais vrai : Les pensions bloquées, faute de loi !

La mise en œuvre de la réforme des pensions du ministre Jambon est encore tellement floue que le Service fédéral des pensions (SFP) a été contraint de procéder à un « blocage des pensions ». Depuis mi-avril, plus aucune décision n’est prise. D’ici cet été, des dizaines de milliers de dossiers seront suspendus. Les personnes censées prendre leur pension l’année prochaine sont plongées dans l'incertitude à cause de l'amateurisme dont fait preuve le gouvernement! Il n'existe pas de législation sur le malus, ce qui rend impossible le calcul du montant de la pension. Cette situation ne peut durer. La FGTB demande le retrait de ce malus pensions. 

Alors que la trêve d’été approche à grands pas sur le plan politique, l’incertitude et l’inquiétude sur la réforme des pensions ne cessent d’augmenter, surtout pour celles et ceux qui prévoient un départ à la pension début 2026. Mi-avril, le Service fédéral des pensions (SFP) n’a eu d’autre choix que de procéder à « un blocage des pensions ». Les personnes qui avaient prévu de partir à la pension début de l’an prochain, n’ont pas pu recevoir de décision définitive ni sur la date, ni sur le montant de leur pension. En cause : l’absence de législation concrète. 

Le problème se situe principalement au niveau du malus pension. L’Accord de coalition prévoit l’introduction de ce malus (c’est-à-dire une sanction financière en cas de départ anticipé à la pension) à partir de 2026. Les travailleurs et travailleuses qui comptabilisent de longues années à temps plein, avec une « carrière modèle » échapperont à cette pénalité. Mais pour les temps partiels – avec des périodes de maladie ou de chômage temporaire, par exemple – le risque de se voir appliquer un malus de 2% par année de départ anticipé est réel. À partir de 2040, ce malus sera porté à 5% par année de départ anticipé à la pension, par rapport à l’âge légal de la pension de 67 ans. Les travailleurs et travailleuses à temps partiel pourraient alors perdre jusqu’à un quart de leur pension. Le malus Jambon n’a pas encore été coulé dans la législation. C’est pourquoi, le SFP est dans l’impossibilité de répondre aux citoyens et citoyennes. 

Ce blocage ne peut plus durer ! « Les gens, à la fin de leur carrière, méritent de savoir à quoi s'en tenir afin de pouvoir se projeter dans l'avenir au moment de leur pension. À partir de septembre, il y aura un gros problème juridique », explique Selena Carbonero, Secrétaire fédérale de la FGTB. « Selon la Charte de l’assuré social de 1995, le SFP doit fournir une réponse au plus tard quatre mois avant le début de la pension. Les travailleurs et travailleuses qui partent à la pension au début de l’année prochaine doivent donc connaître la date et le montant de leur pension en septembre ». Les mesures de pension du ministre Jambon ne seront toutefois pas encore ancrées dans des textes de loi. Le malus Jambon, qui fait de la pension anticipée un produit de luxe, devrait donc être retiré. 

Il n'y a toujours pas de calculateur pour les périodes « de travail effectif » dans mypension.be. De plus, les nouvelles conditions de départ pour la pension anticipée (à partir de 2027) n'ont pas encore été intégrées sur le site web officiel des pensions. En attendant, celles et ceux qui souhaitent se faire une idée de l'impact des décisions gouvernementales sur leur première date de pension peuvent consulter l'outil de FGTB mypension-arizona.be. Depuis son lancement, le formulaire a déjà été rempli plus de 50.000 fois. Sur base des estimations du Bureau du Plan, entre autres, nous savons qu'environ quatre travailleurs sur dix devront travailler un an de plus, tandis qu'à peine trois sur cent pourront recourir à la pension anticipée après 42 ans de travail effectif.