L’exclu·e du chômage, c’est potentiellement chacun·e de nous

Beperking uitkeringen slecht idee

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La FGTB livre une étude sur l’impact humain et financier de la limitation dans le temps des allocations de chômage. Un coût exorbitant pour les communes qui devront accueillir et accompagner les demandeurs d’emploi. Et leur accorder le revenu d’intégration sociale (RIS). Certaines vont voir le nombre d’allocataires doubler. Sont-elles prêtes à cela ?

Taper sur les chômeurs, c’est vendeur. Alors à droite, on cogne. Et tant que ça rapporte, on continue de cogner. Peu importe que la mesure soit juste ou efficace. Elle n’est d’ailleurs ni l’une ni l’autre et on le sait, mais que faire face à l’aveuglement idéologique ?

Depuis 20 ans, l’assurance chômage n’a cessé de réduire sa voilure via le contrôle des demandeurs d’emploi, l’activation et la dégressivité. Aujourd’hui, seul un demandeur d’emploi sur deux est encore indemnisé par l’ONEM. Les autres ont été exclus de l’assurance chômage et ne sont pas pour autant remis à l’emploi.

Mais qu’importe, aujourd’hui, la super note de Bart De Wever contient une mesure phare pour la coalition Arizona : la limitation des allocations de chômage à 2 ans.

Diminuer les allocations, c’est appauvrir une population qui dépense son argent dans l’économie réelle, le commerce local.

Rien n’indique que cette mesure va améliorer le taux d’emploi, au contraire.  Mais qu’importe !

Exclure les gens du chômage, c’est augmenter la charge financière des communes déjà exsangues. Mais qu’importe !

La droite veut frapper fort. Une grande mesure symbolique populaire et populiste, par principe. Mais à la question qui payera l’addition, elle n’apporte pas de réponse.

La réponse la voici :

Qui sera touché ? Des travailleuses et travailleurs qui ont travaillé 10 ans, 20 ans, 30 ans…qui ont cotisé à la sécurité sociale et qui n’ont pas pu retrouver d’emploi fixe depuis 2 ans. Si on veut ancrer l’exemple dans la réalité du jour : c’est potentiellement l’ouvrier qualifié de chez Audi qui n’aura été confronté qu’à des offres d’emploi d’infirmier. Caricature ? Pas tant que ça.

Qui va payer ?

Les commerces qui verront les montants de leurs ventes diminuer.

Les CPAS et les communes qui devront débourser davantage en RIS et engager des centaines d’assistants sociaux pour traiter tous ces nouveaux dossiers. (On estime qu’un assistant social peut assurer le suivi d’en moyenne 80 dossiers par mois)

Quelques chiffres parlants :


Quelques éléments marquants de l’étude:

1/ Pour soulager les communes, le fédéral prévoit une compensation nettement insuffisante. 200 millions sont prévus alors qu’il en faudrait 700 millions, au bas mot. Et encore, cela ne tient pas compte des augmentations de frais de personnel qui devra être engagé par les communes et CPAS.

2/ Les demandeurs et demandeuses d’emploi de « longues durées » travaillent plusieurs mois sur l’année ! Malheureusement, pas suffisamment d’affilée pour sortir des statistiques. Ils sont actuellement accompagnés par des professionnels du FOREM ou d’ACTIRIS. Les communes sont-elles aussi bien outillées pour proposer cet accompagnement ?

3/ Dans les faits, de la part d’une note rédigée par un nationaliste, est-il étonnant d’assister à une régionalisation de l’assurance chômage qui ne dit pas son nom ?

4/ C’est inefficace, on l’a vu avec les allocations d’insertion. On le voit dans les pays voisins. Exclure du chômage, appauvrir les gens, ça ne crée pas d’emploi ! Par contre, cela crée de l’insécurité et de l’instabilité.

Pour améliorer les conditions de vie de l’ensemble des travailleuses et travailleurs du pays, qu’ils soient ou non privés d’emploi, qu’ils soient à la retraite ou non, etc. Nous défendons ceci :

  • De meilleures conditions de travail, des contrats stables et sécurisants et l’augmentation des salaires bruts : nous visons un salaire minimum brut de 2800 EUR/mois, ce qui revient à 17 EUR/heure ;
  • Un rehaussement de l’ensemble des minimas sociaux au-dessus du seuil de risque de pauvreté et la préservation ainsi que l’application de l’ensemble de l’enveloppe bien-être ;
  • Réduire les coûts et obstacles liés au fait de travailler, comme par exemple les structures d’accueil de l’enfance, les frais de déplacement entre le domicile et le lieu de travail, etc.
  • Un meilleur accompagnement vers le travail et les formations plutôt qu’un focus sur les contrôles et les sanctions, ainsi qu’un recours plus systématique aux dispositifs de dispenses pour formation et études, ainsi que les allocations d’activation. Il faut prendre la problématique du retour à l’emploi dans un sens large, en ayant égard aux problématiques de logement, de contraintes familiales, de dépenses supplémentaires, de formation, de mobilité, etc. tout en ayant égard aux spécificités de la personne privée d’emploi. L’ONEm a récemment mis en lumière les résultats concluants des dispenses de disponibilité des formations et des reprises d’études ;
  • Des offres d’emploi adaptées pour les personnes vulnérables, notamment par le biais de l’économie sociale et des services de proximité ;
  • Pour les travailleurs qui reprennent le travail à temps partiel, la FGTB demande une amélioration de l’allocation de garantie de revenu (AGR) afin de la rendre plus attractive, avec notamment une procédure de demande simplifiée et un réalignement des règles applicables aux cohabitants sur celles applicables aux isolés et aux chefs de familles ;
  • Responsabiliser les employeurs (et/ou renforcer les mécanismes de responsabilisation) quant au recours aux formes de travail précaires et flexibles (flexi-jobs, intérim, économie collaborative, etc.).

Notre analyse complète

Pour recevoir l’étude complète avec les tableaux commune par commune : écrivez-nous.