La semaine des 32 heures, pour vivre mieux
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La date du 14 juin 1921 a marqué un tournant dans l’histoire syndicale en instaurant la journée des 8 heures (8 heures de travail - 8 heures de loisirs - 8 heures de sommeil). Aujourd’hui, la FGTB vise la semaine de 4 jours en 32 heures.
La réduction collective du temps de travail permettrait de réduire la pression sur les travailleurs et travailleuses à temps plein, tout en offrant la possibilité aux travailleurs à temps partiel, qui sont souvent des travailleuses, d’augmenter leur temps de travail.
Le coût de la mesure, souvent mis en avant par ses détracteurs, est en réalité un choix politique, un choix de société. Plus de 12 milliards/an sont octroyés sous forme d’aides publiques aux entreprises (subsides fiscaux, réductions de cotisations). Or, on remarque que globalement, ces aides ne permettent pas de créer d’emplois. Une partie de ce soutien public pourrait donc utilement être investi dans une réforme du temps de travail. Il y a fort à parier que les effets vertueux (augmentation de la productivité, diminution de l’absentéisme, création d’emplois) d’une réduction collective du temps de travail, compenseront en tout ou en partie ce coût. Et il est, par contre, certain que le partage actuel du temps de travail continuera à creuser les finances de la sécurité sociale (burn-out, maladies, chômage structurel).
La bataille pour le temps libre a toujours été un combat. Aujourd’hui encore, le temps disponible demeure le reflet des inégalités. Les congés thématiques (réduction individuelle du temps de travail) ou les années sabbatiques ne sont pas accessibles à toutes et tous. Par exemple, les familles monoparentales n’ont pas toujours les moyens de s’offrir un congé parental, pourtant souvent nécessaire. C’est pour cela que la réduction collective du temps de travail, avec embauche compensatoire, sans perte de salaire, est une solution plus égalitaire.
Par ailleurs, depuis 2016, on compte davantage de malades de longue durée que de travailleurs sans emploi. Soyons honnêtes, certains emplois sont impossibles à assumer à temps plein jusqu’à l’âge de la pension (67 ans). Beaucoup d’employeurs le reconnaissent et ne proposent en conséquence que des contrats à temps partiel aux salarié.e.s. La réduction collective du temps de travail permettrait sans doute à beaucoup de gens de terminer leur carrière de manière plus facile. Et de rendre le travail « faisable ».
Enfin, la référence légale du temps plein (38h/semaine) lèse principalement le femmes. Même au sein d’un couple à deux revenus, beaucoup d’entre elles font le choix de travailler à temps partiel pour pouvoir combiner leur emploi avec les tâches liées à la famille et au ménage, ce qui les privent d’une opportunité de carrière, d’augmentation salariale et d’une pension décente. Une meilleure répartition du temps de travail pourrait également avoir un impact positif sur la répartition des tâches F/H dans la sphère privée !
Au 21ème siècle, la semaine de 32 heures en 4 jours devrait devenir la norme. Mais comme il y a 100 ans, ce progrès devra s’obtenir pied à pied. C’est seulement après 30 années de combat, au sortir de la première Guerre mondiale, que la journée des 8 heures a été obtenue.
W. Churchill disait : « Never waste a good crisis ». Et si la crise du coronavirus était l’occasion de répartir le temps de travail disponible et de marquer le tournant vers la semaine des 32h pour toutes et tous ?