Lâchez-nous la GRAPA !

23 novembre 2021
Actualité

Une cinquantaine d’organisations manifestaient ce lundi pour le respect des droits humains des personnes âgées en situation de pauvreté.

Donnez de l’air aux ainé.e.s en pauvreté !

Depuis mai passé, près de cinquante organisations se coalisent au sein du collectif GRAPA, pour appeler la ministre Lalieux à une réforme de la Garantie de revenus aux personnes âgées. Le gouvernement négocie en effet pour l’instant une réforme de cette aide sociale complémentaire aux pensions légales, qui a pour but d’éviter aux personnes de plus de 65 ans de vivre dans l’extrême pauvreté. 110.000 personnes sont concernées. 65,5% sont des femmes et 35% d’anciens indépendant·e·s. Les défenseurs des seniors manifestaient ensemble ce lundi.

Pour pouvoir avoir droit à la GRAPA, il faut résider de façon effective en Belgique. Et les règles et contrôles associés à cette condition de résidence sont extrêmement stricts. Seuls 29 jours de séjour hors du pays sont actuellement autorisés par an, ce qui freine très fortement les possibilités de déplacements des ainé·e·s. Les contrôles associés à cette règle sont très intrusifs. Suspendus depuis la crise covid, ils menacent désormais de reprendre de façon imminente. Réalisés par des facteurs qui viennent vérifier la présence des ainé·e·s à leur domicile, ces contrôles obligent dans les faits les seniors à ne pas quitter leur domicile plus de quelques jours consécutifs, toute l’année. Cette assignation à résidence met les personnes âgées sous une tension et un stress permanents.

La manifestation intervenait alors même que l’Institut fédéral des droits humains (IFDH) et le Service de lutte contre la pauvreté publiaient un avis révélateur. Leurs analyses indiquent que les règles associées à la GRAPA conduisent à la violation des droits fondamentaux des seniors. Les 29 jours maximum de séjour autorisés à l’étranger sont manifestement discriminatoires par rapport aux conditions des autres allocations sociales que des retraité·e·s peuvent percevoir (pour les autres allocations, la règle est de 90 jours par an). Par ailleurs, dans le cas où les autorités soupçonneraient une personne d’être partie à l’étranger plus longtemps que ce qui est légalement prévu, l’IFDH et le Service de lutte contre la pauvreté soulignent qu’il est essentiel de garantir le droit à l’audition préalable de la personne, avant toute sanction.

Une centaine de personnes ont manifesté ce midi, pour témoigner de leur détresse et appeler la ministre à une réforme humaine et juste. Des personnes âgées ont été enfermées dans des cages pour symboliser l’assignation à résidence des ainés, et leur volonté de pouvoir récupérer un peu de liberté. Des discours et témoignages de personnes concernées ont été prononcés. Enfin, les participant·e·s ont organisé un lâché de ballons symbolisant la liberté de partir à l’étranger voir sa famille et ses proches. Mais les ballons sont restés attachés à des cordes trop courtes. Il est temps pour la ministre Lalieux de couper ces cordes, et de donner de l’air aux ainé·e·s en situation de pauvreté.

Les organisations demandent particulièrement :

  • Une réforme qui retire leur rôle de contrôleurs des ainés aux facteurs ; et un processus de vérification proportionné, souple et qui tienne compte de la vulnérabilité des ainé·e·s en pauvreté. Envisager une vérification administrative automatisée par le Registre national devrait être la piste privilégiée par le gouvernement.
  • Une augmentation significative du nombre de jours de séjours autorisés à l’étranger, pour mettre fin à la violation des droits fondamentaux des personnes âgées, leur garantir des règles non-discriminatoires et que chaque personne puisse rendre visite à ses proches résidant à l’étranger.
  • La garantie qu’avant toute sanction, les bénéficiaires de la GRAPA bénéficient d’une audition préalable, afin de faire entendre leur situation et respecter leurs droits.