Les bénéfices des entreprises restent historiquement élevés : il y a de la marge pour augmenter les salaires
Les récents rapports économiques catastrophistes des employeurs se révèlent infondés. Des chiffres récents du Conseil central de l’Economie démontrent que le handicap salarial de la Belgique par rapport aux pays voisins est trois fois moins important que prévu. La politique structurelle de modération salariale engendre des marges bénéficiaires historiquement élevées (plus de 40%). Plus élevées qu’en France et en Allemagne.
Les bénéfices des entreprises belges restent supérieurs à la moyenne à long terme et plus élevés que dans les pays voisins. C’est ce que dit la Banque Nationale (BNB) dans une nouvelle étude. Le taux de marge s'élève à 42,2 %. Au début de cette année, il était encore de 44,2 %.
Coûts salariaux
Les employeurs ont également spéculé à tort sur le fait que l'indexation automatique des salaires belges conduirait à des catastrophes. Or, nous constatons que l'inflation, qui s'élève désormais à 2,39% contre 4,09 % le mois dernier, a sensiblement diminué sans dépasser l'indice pivot. Aujourd'hui, nous avons des taux d'inflation inférieurs à ceux de nos voisins et même l'un des taux d'inflation les plus bas de l'UE.
Grâce à l'index, les travailleurs et travailleuses ont maintenu leur pouvoir d'achat face à la hausse des prix, contrairement aux pays voisins qui en ont davantage souffert. Cela a donc également profité aux entreprises. En 2022, la Belgique a été le seul pays de l'UE où les salaires réels n'ont pas baissé. Sans indexation, nous serions probablement en récession aujourd'hui. En tout état de cause, l'indexation automatique ne conduit pas à une spirale vers l’augmentation des prix.
Autre point intéressant : le coût de la main-d'œuvre est nettement moins important qu'on ne nous l’avait prédit. Depuis 1996, la différence de croissance des coûts salariaux entre la Belgique et ses voisins fait débat. L’indexation a protégé le pouvoir d’achat des travailleurs en Belgique. Toutefois nos voisins rattraperont leur retard en 2024 et connaîtront une plus forte croissance salariale. Fin 2024, l’écart salarial (« handicap ») sera de 1,7 %, soit trois fois moins (!) que les 5 % précédemment prévus par Conseil Central de l’Économie (CCE).
De l’air pour les salaires
Le CCE travaille dans le cadre défini par la loi salariale de 1996. Il ne tient donc pas compte, dans ses calculs, des réductions de coûts salariaux telles que les subventions salariales et les réductions de cotisations patronales. S’il les prenait en considération, le calcul montrerait que les coûts salariaux belges ont augmenté plus lentement que dans les pays voisins depuis 1996. En raison de la modération salariale qui nous est imposée, les salaires belges augmentent moins que notre productivité.
C'est pourquoi la FGTB persiste et signe : une réforme en profondeur de la loi sur la norme salariale est nécessaire pour renouer avec de réelles augmentations de salaires, bien au-delà des « primes » à négocier ici ou là. C’est économiquement possible. Les arguments développés ci-dessus le prouvent : il y a de la marge !