10.000 femmes de 55 ans ou plus, exclues de la sécurité sociale, parce qu’elles ont travaillé à temps partiel

La pièce maîtresse de l’accord de Pâques est la limitation dans le temps des allocations de chômage. Dès la lecture des textes, la FGTB a dénoncé les dangers cachés et dégâts collatéraux auxquels visiblement, le gouvernement n’avait pas pensé. Certains seront corrigés à la marge. L’application de la mesure sera peut-être étalée dans le temps, les travailleuses et travailleurs à temps partiel avec complément chômage (AGR) devraient peut-être être exemptées, ce qui serait la moindre des choses !  Mais en ce qui concerne les plus de 55 ans, le gouvernement continue d’enfumer les citoyens en disant qu’ils ne sont pas concernés par les exclusions.

Parmi les demandeurs d’emploi de plus de 55 ans, qui fera réellement partie des exceptions ? À partir de 2030, il faudra impérativement comptabiliser 35 années de carrière à temps plein pour éviter l’exclusion à 55 ans et plus. Concrètement, si vous n’avez pas travaillé à temps plein entre vos 21 ans et vos 55 ans, vous serez exclu de l’assurance chômage après 24 mois.  Ces conditions de carrière ne vont pas concerner grand monde. Et en tout cas, cela élimine de la liste les carrières à temps partiel.

On sait que le temps partiel reste principalement l’apanage des femmes. Environ 800 000 femmes (soit 40 %) travaillent à temps partiel en Belgique. Dans le secteur de la santé et de l’action sociale, la moitié des salariés travaillent à temps partiel dont une majorité de femmes (52,8%) et environ 1 homme sur 4 (25,3%). Une réalité ancrée depuis des décennies et qui n’est absolument pas prise en compte dans les politiques de l’Arizona, principalement pensées par des hommes.

Parmi les demandeurs d’emploi en troisième période, environ 24.000 personnes ont 55 ans et plus. Dont 10.000 femmes… clairement visées par les exclusions dans quelques mois.

En matière de sanction, le Ministre Clarinval fait du zèle. Il a durci les règles et va au-delà de l’accord de coalition. En effet, il était prévu dans l’accord de gouvernement que les personnes ayant plus de 55 ans et 30 années (35 années de carrière à partir de 2030) de carrière à mi-temps ne seraient pas exclues. Mais ce n’est plus le cas dans l’accord de Pâques. La condition a été durcie avec 30/35 années de carrière à temps plein.

Toute personne qui  n’aura pas réussi à se constituer une carrière à temps plein sera exclue.  Pour prendre un cas parlant, une personne de 55 ans ayant travaillé 30 années à 4/5 ème temps, ne réunira jamais ces conditions requises.  

On le sait, à plus de 55 ans, les chances de se faire recruter par un employeur ou même de décrocher un entretien d’embauche, sont minces. 

Concernant la situation des femmes, l’on sait aussi que la perte des allocations de chômage va engendrer une perte d’indépendance financière.

Les conditions pour accéder aux emplois de fins de carrière répondent aux mêmes critères. Encore une fois, les femmes qui ont travaillé à temps partiel n’y auront plus droit.

Le Conseil d'État n’a pas manqué de relever cette mesure discriminante. 

La FGTB continue de contester fermement ces politiques aveugles qui sanctionnent et appauvrissent avant tout.