Le plan du gouvernement sur les métiers pénibles : un holdup sur les pensions
Le fait que le gouvernement considère les pensions des travailleurs comme une variable d’ajustement budgétaire se vérifie à nouveau dans les textes qui sont sur la table du Conseil des ministres. Il ressort en effet de ces textes relatifs au travail pénible (concernant dans un premier temps la fonction publique) que si les prestations effectives dans un métier pénible pourraient peser plus et donc permettre d’accéder à une retraite anticipée, ces années d’anticipation ne seraient pas comptabilisées dans la carrière. Conséquence un travailleur qui part plus tôt à la retraite se retrouve avec une carrière incomplète et donc une pension plus basse.
La perte de pension peut se monter jusqu’à 254€/mois
Les conditions de carrières pour pouvoir partir à 60 ans, seront les suivantes :
- 44 années de carrière dans le système général ;
- 42 années de prestations effectives dans le cadre d’un travail pénible dans une catégorie ;
- 40 années de prestations effectives dans le cadre d’un travail pénible dans deux catégories ;
- 38 années de prestations effectives dans le cadre d’un travail pénible dans trois catégories.
Pour rappel, les trois catégories sont charge physique, organisation du travail et risque accru en matière de sécurité. À chaque catégorie correspond un coefficient de réduction de la carrière qui peuvent être cumulés.
Nous avons calculé la différence minimale et maximale pour ceux qui peuvent partir à la pension anticipée à l’âge de 60 ans.
Pour la perte minimale, nous partons de la pension minimum de 1.212 € pour une carrière complète de 45 ans à laquelle nous appliquons les coefficients de pénibilité réduisant la condition de carrière.
Pension anticipée à 60 ans |
Pension minimum |
Perte de pension mensuelle à la suite d’un travail pénible |
Perte annuelle |
Avec 44 années de carrière |
1.185€ |
- |
- |
Avec 42 années de carrière 1 facteur de pénibilité |
1.131€ |
54€ |
646€ |
Avec 40 années de carrière 2 facteurs de pénibilité |
1.077€ |
108€ |
1.293€ |
Avec 38 années de carrière 3 facteurs de pénibilité |
1.023€ |
162€ |
1.939€ |
Pour la perte maximale, nous prenons, en compte le plafond de calcul pour chaque année de carrière. Vous trouverez ci-dessous un exemple théorique pour un employé[1] qui, durant sa carrière complète, a gagné un salaire au moins égal au plafond salarial pour chacune des années calendrier.
Pension anticipée à 60 ans Perte maximum (chaque année prise en compte atteint le plafond salarial) |
Montant de pension par mois |
Perte pension anticipée métier pénible/simple pension anticipée |
Perte totale si le pensionné vit encore 10 ans |
|
Avec 44 années de carrière |
2 357€ |
Par mois |
Par an |
|
Avec 42 années de carrière 1 facteur de pénibilité |
2 277€ |
80€ |
961€ |
9 612€ |
Avec 40 années de carrière 2 facteurs de pénibilité |
2 190€ |
167€ |
2 006€ |
20 061€ |
Avec 38 années de carrière 3 facteurs de pénibilité |
2 103€ |
254€ |
3 052€ |
30 524€ |
Plus votre métier est pénible, plus votre perte de pension sera grande. La perte va de 54€ à 254€ par mois.
De plus, le texte au stade actuel prévoit que les périodes du passé, c’est-à-dire avant l’application du système, ne seraient prises en compte que pour 5 ans maximum et uniquement si l’intéressé est encore actif dans sa fonction pénible. Cela signifie que les personnes qui ont exercé un métier pénible pendant 30 ans bénéficieraient au mieux de quelques mois seulement d’anticipation de la retraite !
Ces projets nous confirment que la réforme des pensions de ce gouvernement ne vise qu’une seule chose : faire des économies budgétaires sur le dos d’hommes et de femmes qui ont travaillé dur toute une vie et pas toujours dans les meilleures conditions.
La FGTB exige concrètement que pour le calcul du montant de la pension aussi – et pas uniquement pour l’accès à la pension anticipée – il soit tenu compte des coefficients de pénibilité, c’est-à-dire que la pension soit calculée sur une carrière complète et non sur une carrière tronquée.
Il est plus que temps que le gouvernement cesse de faire des économies sur le dos travailleurs.
Notre opposition aux projets du ministre Bacquelaine se poursuivra dans la rue le 16 mai à Bruxelles.
[1] Le calcul vaut pour un employé, car pour les ouvriers, un tel calcul maximum dans les pensions ne peut être fait parce que pour cette catégorie professionnelle, les plafonds salariaux n’ont été introduits qu’à partir de 1981.