Baromètre socio-économique de la FGTB : les ménages mis sous pression
La FGTB publie son baromètre socio-économique annuel. Cet outil utilise des chiffres provenant d'institutions nationales et internationales. Il propose une analyse objective de la situation sociale et économique dans notre pays. Dans cette édition, nous examinons l'impact du contexte géopolitique et de la hausse des prix qui en découle sur le pouvoir d'achat des ménages. Le baromètre porte également sur les salaires, les bénéfices des entreprises, le bien-être et la sécurité sociale.
La FGTB reconnaît que la crise plonge certaines entreprises dans les difficultés. Ces dernières ont besoin de soutien. Mais le catastrophisme des fédérations patronales sur l’état général des entreprises est totalement surfait. Il apparait notamment qu’en termes de « coût salarial », les entreprises belges sont beaucoup plus subsidiées que celles des pays voisins (Allemagne, France, Pays-Bas). Subsides dont il n’est pas tenu compte dans la comparaison salariale avec ces mêmes pays.
En bref, voici les lignes directrices de notre Baromètre 2022 :
- Le pouvoir d'achat en Belgique ne s'est pas amélioré depuis la crise financière (2008). Aujourd'hui, la pression sur les ménages est encore plus forte à cause de la crise énergétique. Les salaires réels (après déduction de l'inflation) n'ont que très peu augmenté depuis la crise financière, contrairement à ce qui se passe dans les pays voisins. Heureusement, l'indexation automatique des salaires nous protège partiellement de la perte de pouvoir d'achat. L'indexation automatique est et reste essentielle. Le problème du pouvoir d'achat ne peut toutefois pas être sous-estimé. Les revenus faibles et moyens sont durement touchés. La part des coûts énergétiques dans le budget familial est beaucoup plus élevée pour les faibles revenus. Le nombre de personnes qui doivent recourir aux CPAS pour obtenir une aide alimentaire, des médicaments... ne cesse d'augmenter. Le gouvernement belge n’a pas pris de mesures pour diminuer le prix de l’énergie, à la hauteur de celles prises dans les pays voisins. Ce qui n’aide pas à maîtriser l’inflation.
- Les travailleurs de notre pays ne reçoivent pas ce à quoi ils ont droit depuis des années. La loi de 1996 sur la norme salariale en est grandement responsable et doit être réformée. Les chiffres de l'OCDE et de Statbel, entre autres, sur l'écart croissant entre la productivité et les salaires, ainsi que la diminution de la part des salaires dans notre économie et l'augmentation de la part des bénéfices, nous donnent raison.
- De nombreuses entreprises ont constitué des réserves suffisantes pour surmonter cette crise. Il n'y a pas de problème de compétitivité pour le moment. L'augmentation à un niveau historiquement élevé des marges bénéficiaires des entreprises et le nombre de faillites, qui reste très faible, le montrent clairement. L'explosion des subventions salariales reçues par les entreprises belges s'inscrit également dans ce contexte.
- Sur le plan politique, le taux d’emploi de 80 % est devenu une obsession. C’est une aberration. Pour l’atteindre, il faudrait remettre des personnes malades (ou victimes d’épuisement professionnel) au travail. Pour la FGTB, il s’agit plutôt de créer des emplois de qualité. Si l’on regarde le nombre d’équivalents temps plein, la Belgique affiche d’ailleurs un taux d’emploi légèrement supérieur à celui d’un pays comme la Hollande, qui est souvent cité comme exemple à suivre.
- La sécurité sociale est un stabilisateur important, mais elle comporte des lacunes. Par exemple, la majorité des minima sociaux se situent toujours sous le seuil de pauvreté. Il est donc inacceptable que les employeurs ne veuillent pas les augmenter dans le cadre de l’enveloppe Bien-être.
- Enfin, les syndicats sont essentiels en ces temps de crise. Les pays où le taux de syndicalisation est élevé ont la plus faible proportion de bas salaires. Les libertés syndicales doivent être garanties si nous voulons que notre société progresse.
Avec ce baromètre, la FGTB souhaite également lancer un appel aux employeurs et au gouvernement.
En attaquant l’indexation automatique, qu'ils ont négociée avec nous dans les secteurs, les employeurs discréditent la concertation sociale. Nous les invitons, au contraire, à lui donner toutes ses chances.
À court terme, la FGTB souhaite des accords sur des augmentations salariales là où c'est possible, sur un meilleur remboursement des frais de transport, sur le maintien des emplois et aménagements de fin de carrière pour les travailleurs et travailleuses en difficulté (travaux pénibles, carrières longues). Nous attendons également un débat objectif sur la loi de modération salariale. L'OIT a remis un avis très négatif sur cette loi qui entrave la liberté de négociation et devrait bientôt sommer le gouvernement belge d’agir sur ce point. Le recours répété aux « chèques-consommation » prouve que la loi sur les salaires dysfonctionne. Le gouvernement devrait s’en rendre compte.