Feuille de route pour la paix
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Ce 24 février, cela fera un an que la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine fait rage. Les estimations du nombre de victimes varient, mais toutes font état de pertes très élevées des deux côtés du front. L’ONU parle ainsi de dizaines de milliers de morts, dont au moins 7 000 victimes civiles. Pendant ce temps, dans les milieux politiques et dans la presse, l'attention reste focalisée sur les fournitures d'armes, dans un mouvement de va-et-vient ininterrompu entre la livraison de nouveaux systèmes d’armes et leur arrivée sur le champ de bataille. Pendant ce temps, le monde entier ressent les effets toujours plus délétères de la guerre.
Le 26 février, nous descendrons dans la rue contre cette guerre et ses conséquences catastrophiques. Le même week-end, des manifestations similaires sont organisées à Paris, Londres, Madrid Berlin et Rome,… sous la bannière « Europe for peace ». Notre premier message est adressé à la Russie, dont nous condamnons l’agression inacceptable contre son voisin. La Russie doit mettre fin à l'occupation. Notre manifestation est ainsi entièrement dirigée vers l’urgence absolue, celle d’arrêter les affrontements et de parvenir le plus vite possible à un cessez-le-feu. Parce que la poursuite de la guerre aura des conséquences incalculables. Même RAND, le think tank étroitement lié au Pentagone, affirme qu'une victoire militaire de l’un ou de l’autre paraît peu probable mais que sa poursuite chimérique suggère la potentialité d’une troisième Guerre mondiale. RAND prédit ainsi, si la logique à l’œuvre actuellement perdure, une confrontation directe à grande échelle entre l'OTAN et la Russie et le déploiement d'armes nucléaires.
C’est pourquoi, le 26 février prochain, nous défendrons notre « feuille de route » pour la paix. Celle-ci se nourrit de notre solidarité inconditionnelle avec toutes celles et tous ceux qui fuient la guerre ou refusent d'y prendre part. La vague spontanée de solidarité avec les réfugiés ukrainiens au début de la guerre doit perdurer. D’un autre côté, les objecteurs de conscience russes méritent également notre solidarité, y compris une protection juridique au niveau européen et belge.
Notre feuille de route préconise des négociations entre les belligérants pour une paix juste et durable. C’est probablement difficile à concevoir mais c’est une nécessité. Nous savons que ces négociations s’apparenteront à une procession d'Echternach : trois pas en avant et deux pas en arrière. Mais au moins, nous refusons de rester enliser dans le bourbier toujours plus profond où la guerre nous entraîne. Nous appelons nos dirigeants à travailler à ce pour quoi ils sont élus : s’engager dans la voie de la négociation, même dans des circonstances "impossibles".
Nous le demandons avec d'autant plus de vigueur que c'est aujourd'hui, au plus fort de la guerre, que se construit l'Europe de demain. Une Europe de la sécurité collective doit être - et est – possible. Une Europe qui reconnaît les intérêts de chacun et où la sécurité de l’un ne se cherche pas au détriment de l’autre. À la fin de la Guerre froide, les occasions de suivre cette voie ont été galvaudées voire sapées. Aujourd'hui, vu notamment les augmentations caricaturales des budgets militaires, nous allons dans la mauvaise direction. Nous ne choisissons pas nos voisins, mais nous croyons fermement en la possibilité d’une Europe différente, plus sûre, où la confiance réciproque et le désarmement mutuel redeviennent les objectifs centraux.
La guerre exacerbe les crises sociales et environnementales bien au-delà de la ligne de front. Elle détourne l'attention des véritables priorités : la justice sociale et une politique climatique à la hauteur des enjeux. L’équation est simple : chaque euro dépensé pour un système d'armement sophistiqué est dérobé à la politique climatique. La guerre perturbe les communications, les lignes d'approvisionnement, les mécanismes de négociation et les systèmes de fixation des prix. On ne peut en même temps chercher la justice et rester enfermer dans une logique de guerre.
C’est une large plateforme d'organisations, allant des syndicats au mouvement pour la paix en passant par les associations de solidarité internationale et le mouvement environnemental, qui lance cet appel à la manifestation nationale du 26 février. La guerre nous rend apparemment impuissants en tant que citoyens. Nous n’avons que peu de prises pour tenter de mettre fin à cette abomination. Mais nous pouvons inspirer nos dirigeants, qui s’entêtent dans les seules livraisons d'armes, et les pousser à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre fin à l'effusion de sang. Nous avons notre voix pour exprimer notre solidarité avec les personnes qui souffrent de la guerre et pour plaider pour une Europe de paix, mue par des ambitions de justices sociale et environnementale.
- Thierry Bodson, président FGTB/ABVV
- Miranda Ulens, secrétaire général FGTB/ABVV
- Marc Alexander, 11maart-beweging
- Mattias Buyssens, Climate Express
- Sander Claessens, président COMAC
- Hélène Debaisieux, coordinatrice Quinoa
- Nore De Belder, Hart boven Hard
- Filip De Bodt, coordinateur Climaxi
- Ludo De Brabander, porte-parole Vrede vzw
- Suzanne Deby, Mouvement Chretien pour la Paix
- Marius Dekeyser, coordinateur Hand in Hand tegen racisme vzw
- Lieve De Kinder, coordinatrice, Coalition belge Stop aux armes à l'uranium
- Claire Delstanche, Diem25
- Jan De Volder, Sant'Egidio
- Riet Dhont, Amitié sans frontières
- Lieve Franssen, Louis Paul Boonkring Bruxelles
- Lieve Herijgers, Broederlijk Delen
- Els Hertogen, directeur général, 11.11.11, Solidarité Internationale
- Hans Lammerant, Vredesactie
- Martin Maréchal et Grégory Mauzé, co-présidents CNAPD
- Stefan Nieuwinckel, directeur Pax Christi
- Paula Polanco, présidente intal
- Fanny Polet, directrice Viva Salud
- Jeanneke Ronse, présidente Médecine pour le Peuple
- Lieve Snellings, Vrouwen in Zwart
- Stefaan Van den Abbeele, président Vredeshuis Aalst
- Jozef Vandermeulen, FairFin vzw
- Annuschka Vandewalle, secrétaire général FOS
- Vanessa Van Donselaar, Greenpeace Belgique
- Michel Vanhoorne, LEF/FGE
- Geert Vanlangendonck, Käthe Kollwitz Collectief
- Ria Verjauw, Coördinatrice Leuvense Vredesbeweging
- Hans Versteden, Aardewerk
- Véronique Wemaere, directrice Solsoc
- Karim Zahidi, président Masereelfonds