AIP 2021-2022 : fixer une norme impérative dans le contexte actuel, ce serait s’enfermer dans la crise.
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Des semaines cruciales s’annoncent pour le dialogue social au sein du G10. L’Accord interprofessionnel joue un rôle important. Il peut permettre, en cette période de crise, à quasiment 3 millions de salarié.e.s - y compris dans les petites entreprises - d’augmenter leur pouvoir d’achat et d’obtenir de meilleures conditions de travail. Nous voulons un accord favorable à tous les secteurs et toutes les entreprises.
Mais cet accord repose sur la volonté des deux parties d’y parvenir. Or, les déclarations de la FEB excluant toute augmentation des salaires est un très mauvais signal à l’entame des négociations.
Augmenter les salaires et les revenus de remplacement est le meilleur moyen de stimuler la demande et de ramener notre économie à sa vitesse de croisière. Un moteur particulièrement efficace dans les secteurs affaiblis par la crise et fortement dépendants de la consommation intérieure (comme le commerce, le tourisme…).
Il y a de la marge pour les salaires belges…
Une marge de manœuvre existe pour négocier des améliorations de tous les salaires. Le coût du travail a augmenté moins rapidement en Belgique que chez nos voisins ces dernières années. Début 2020, la Belgique affichait 1% de moins en la matière. Les travailleuses et travailleurs de notre pays doivent pouvoir résorber ce retard sur les pays voisins qui, eux, ne craignent pas de négocier de nouvelles hausses salariales (IG Metall revendique une hausse de rémunération de 4% sur 12 mois).
Ce retard est particulièrement violent pour les bas salaires. Le salaire minimum intersectoriel ne cesse de perdre de la valeur par rapport au salaire médian. Et ce, parce qu’il n’a connu aucune augmentation - hors index - depuis de nombreuses années. Or, le mouvement inverse vient de se produire dans d’autres pays (base de données de l'OCDE sur le salaire minimum).
Le salaire minimum dans la grande majorité des « fonctions essentielles » est largement inférieur à 14€/2300€ (brut). Pourtant, les études démontrent qu’il s’agit du minimum nécessaire pour faire face aux besoins de base. C’est pourquoi nous attendons de l’AIP un pas significatif et rapide vers cet objectif. Il conviendra d’adapter les règles (para)fiscales afin que cette augmentation soit pleine et entière.
À situations exceptionnelles, règles exceptionnelles :
- Les mécanismes de la loi de 1996 n’étant pas applicables en ces temps de confinement, la souplesse doit être de mise pour les négociations salariales, à l’instar des mesures exceptionnelles qui sont prises en matière de règles budgétaires et des mesures de soutien aux entreprises. Nous attendons du CCE qu’il ouvre de réelles perspectives d’améliorations salariales sur le plan interprofessionnel et qu’il permette aux secteurs de répondre à leur propre contexte économique. La FGTB revendique des augmentations salariales partout où c’est possible. Parce que c’est une réponse à la crise socio-économique que l’on traverse.