Réforme du travail // La Vivaldi se la joue solo… et provoque la déception.
Jamais une déclaration gouvernementale n’avait autant cité les mots « concertation sociale ». Dans les faits, les organisations syndicales sont très souvent contournées. La réforme du travail qui vient d’être présentée répond en grande partie aux revendications patronales.
Certes, il y a la possibilité accrue de se former et le droit à la déconnexion. Des mesures protégeront également mieux les travailleurs des plateformes.
Mais …
Le gouvernement décide de réintroduire le travail de nuit entre 20h et minuit dans l’e-commerce et ce, sur base d’un accord avec une seule organisation syndicale dans l’entreprise. L'employeur peut aussi carrément contourner les syndicats en concluant des accords, individuellement, avec les travailleurs.
Cette mesure coupe l’herbe sous le pied à un travail de fourmi qui est en train de se faire au Conseil central de l’économie (CCE) pour établir une définition précise de ce que recouvre l’e-commerce. La chose devait être négociée et tranchée entre partenaires sociaux, avec le temps et la nuance requis sur des sujets aussi fondamentaux. Le gouvernement n’en tiendra visiblement pas compte. Quel signal désastreux.
Avec l'activation d'une partie de l'indemnité de licenciement (périodes de transition et article 39ter), le salarié sera mis sous pression pour suivre une formation ou accepter rapidement un emploi moins adapté.
Le droit à la déconnexion est une réelle avancée. Mais pourquoi exclure les travailleurs dans les entreprises de moins de 20 personnes et donc les discriminer ?
Si on y ajoute la fin de la journée des 8h et le retour à la journée des 10h sur base « volontaire » (5 jours comprimés en 4 jours), on observe la tendance générale qui se dessine : une flexibilité toujours accrue et davantage de pression au travail. Ces accords individuels érodent la négociation aux niveaux interprofessionnel et sectoriel pour la réduire au rapport « travailleur – patron ». C’est-à-dire précisément le niveau où le salarié est le moins fort pour défendre ses intérêts.
Par ailleurs, atteindre un taux d’emploi de 80% est apparemment devenu le Saint Graal ! Cet objectif signifie qu’il faut remettre 700.000 personnes au travail. Vu que le pays compte actuellement 300.000 demandeurs d’emplois, le compte n’y est pas. La volonté est donc d’activer… les malades.
Si le gouvernement continue de contourner les représentants des travailleurs sur des questions aussi cruciales que la flexibilité, le travail de nuit, le temps de travail journalier, le droit à la déconnexion, la formation… alors que le monde du travail souffre déjà d’une perte de pouvoir d’achat, il ne faudra pas s’étonner de le voir descendre dans la rue pour faire entendre sa voix et contester ces décisions.