Le Président de la FGTB n’approuve pas les recommandations du rapport annuel de la Banque nationale 2022

Chaque année, le gouverneur de la Banque nationale dresse un état des lieux de l'économie belge. Ce rapport est rédigé au nom du Conseil de régence, dont fait partie le président de la FGTB. Le rapport contient des passages qui sont fondamentalement problématiques. La FGTB ne peut donc l’approuver dans sa globalité.

La crise du pouvoir d'achat frappe durement de nombreuses familles. La loi sur la norme salariale fait stagner le pouvoir d’achat des travailleurs et travailleuses belges, depuis des années. Le rapport, pourtant, prétend que la formation des salaires est "équilibrée", alors que même l'Organisation internationale du Travail a récemment recommandé à la Belgique de revoir ce système, en concertation avec les partenaires sociaux. De cela, le rapport ne fait aucune mention.

Il ne se passe pas un jour sans qu'une entreprise n’annonce de meilleurs résultats que prévu. Pourtant, la lecture du rapport de la BNB donne l'impression que la Belgique est  un cimetière en termes de compétitivité économique, et que les entreprises souffrent d’une rentabilité toujours plus faible. Les « coûts salariaux » sont pointés comme les principaux responsables de cette situation. Cependant, rien ne prouve que les marges bénéficiaires subissent une telle pression. De même quant à un prétendu "dérapage des coûts salariaux" par rapport aux pays voisins. Les chiffres récents du Conseil central de l’Economie semblent indiquer tout autre chose : alors qu'en septembre, le CCE tablait encore sur un écart de coûts salariaux horaires de 5,7 % au détriment de notre pays pour la période 2020-2024, cet écart s'est déjà réduit à 2,2 % dans les perspectives de décembre. Ces chiffres du CCE montrent également que l'économie de notre pays affiche des performances plus qu'adéquates par rapport aux pays voisins, notamment en termes de production industrielle et de croissance économique.

Ensuite, évoquons le passage sur les finances publiques. La Belgique présente un déficit budgétaire élevé et une dette publique qui l’est tout autant, mais la solution doit être pensée de manière équilibrée, en examinant à la fois les dépenses et les possibilités de recettes plus équitables (taxation du capital). Or, la Banque nationale appelle à des réductions unilatérales des dépenses publiques.

Par ailleurs, le débat sur la fin de carrière  doit être abordé de manière plus humaine et circonstanciée. La discussion sur les pensions doit inclure les notions de travail pénible, de niveau d'éducation et d'espérance de vie en bonne santé. La BNB considère les pensions comme une question purement budgétaire, alors que l’on parle bien de  qualité de vie et d’un vrai projet de société.

En ce qui concerne l’objectif d’un taux d'emploi de 80%, la BNB fait certes référence à l'importance de bonnes conditions de travail. Mais l'accent est surtout mis sur la nécessité d’une dégressivité accrue des allocations de chômage, pourtant déjà  inférieures au seuil de pauvreté. Cette obsession de la droite est purement idéologique, puisqu’une étude récente de l’ONEm a montré que la dégressivité n'a aucun impact positif sur l’insertion à l’emploi. Là encore, la BNB ignore  cette étude dans son rapport.

Pour ces raisons, le président de la FGTB n'a pas pu approuver le rapport annuel de la Banque nationale.