Wanted : Commissaire européen à l'emploi et aux affaires sociales (h/f/x)

Europese Commissie

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Le 17 septembre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté les candidats pour la nouvelle Commission européenne. Nous étions impatients de découvrir la nouvelle équipe qui pourra renforcer l'Europe sociale au cours des cinq prochaines années. Or, il s'avère qu'il n'y a plus de commissaire à l'emploi et aux affaires sociales. 

Après de longues recherches, nous avons constaté que les propositions visant à renforcer l'Europe sociale, les emplois de qualité et les affaires sociales ont été placées sous la responsabilité du commissaire européen chargé des personnes, des compétences et de l’état de préparation, un portefeuille vague et peu clair confié à la socialiste roumaine Roxana Mînzatu, qui succède au Luxembourgeois Nicolas Schmit. 

Qu'un titre

Certes, on pourrait dire que ce n'est qu'un titre, que l’important est que le contenu soit là. Non, ce n'est pas seulement un titre, ni un détail, c'est un choix politique. Un choix qui en dit long sur les thèmes qui sont - ou ne sont plus - prioritaires.  Depuis les années 70, nous avons toujours eu un commissaire à l'emploi et aux affaires sociales. La disparition de ce poste est une gifle pour tous ceux qui œuvrent pour la justice sociale, l'égalité des chances et la protection des travailleurs dans notre société. En supprimant le poste de commissaire aux affaires sociales, l'Europe se tire une balle dans le pied car les travailleurs constituent l'épine dorsale de notre économie.

Les emplois de qualité, l'emploi et la justice sociale ne sont-ils plus les fondements sur lesquels repose l'Europe ?

Nous avons lu attentivement la lettre de mission d’Ursula von der Leyen à Mînzatu et trouvé une description de ses tâches dont " l’accompagnement de tous les travaux visant à renforcer le capital humain de l'Europe, depuis les compétences et l'enseignement jusqu'à l'acquisition de connaissances et d'expériences tout au long de notre vie (...). Votre rôle sera de coopérer avec les commissaires pour soutenir les personnes, renforcer nos sociétés et notre modèle social, tout en développant le potentiel de notre économie sociale de marché. Et aussi : en coopération avec d'autres commissaires, vous donnerez une orientation au socle européen des droits sociaux et contribuerez à résoudre les problèmes de compétences et d'emploi, à travailler autour de la formation et l'enseignement, ainsi que sur l'impact et les possibilités de la technologie et de l’innovation dans le monde du travail". 

Les choses deviennent un peu plus concrètes dans les propositions visant à prendre des initiatives sur, entre autres : 

  • Un nouveau plan d'action pour le socle européen des droits sociaux (SEDS) ; 

  • Un pacte pour le renforcement du dialogue social ; 

  • Une initiative sur le droit à la déconnexion ; 

  • Une feuille de route pour le développement d'emplois de qualité qui soutiendra « une rémunération juste et des normes élevées en matière de santé et de sécurité au travail » ; 

  • L'objectif sera également d'accroître le niveau de couverture des travailleurs par des conventions collectives ; 

  • Le développement de la toute première stratégie européenne de lutte contre la pauvreté ; 

  • La recherche de moyens pour faciliter davantage la mobilité du travail tout en veillant à ce que les règles soient correctement appliquées.

Autant de propositions et d'initiatives, autant de belles paroles. Mme Von der Leyen a clairement lu la Déclaration de La Hulpe pour le renforcement du SEDS, entre autres. Elle a toutefois omis de la transposer en propositions en faveur d’une régulation effectivement nouvelle, d’une législation effective, de nouvelles directives et réglementations, mais surtout d’une mise en œuvre et une application effectives. Car c’est de cela dont nous avons besoin.

Les candidats commissaires doivent encore passer les auditions au Parlement européen à la fin de ce mois ou au début du mois prochain. Avec la CES et nos relais politiques, nous avancerons alors clairement nos revendications. En attendant, nous souhaitons en tout cas faire passer ce message à Madame von de Leyen : « Ne vous contentez pas de belles paroles. Prenez des mesures pour défendre les travailleurs. A défaut, le projet social européen risque bien de partir à la dérive ».

Auteur : joeri.hens@fgtb.be