Journée d’action internationale pour les droits syndicaux et la démocratie au Bélarus

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Le Bélarus est souvent appelé la dernière dictature d’Europe. En janvier dernier, Loukachenko se faisait réélire pour un 7e mandat consécutif lors d’élections jugées comme une simple mascarade par les observateurs internationaux. 

C’est que la situation n’est pas simple dans ce pays qui a accédé à l’indépendance après l’éclatement de l’Union soviétique. Les syndicats indépendants biélorusses regroupés au sein de la confédération BKDP participent depuis trois décennies à la contestation sociale du régime. Notamment par la coordination des comités d’action et de grève qui ont surgi sur les lieux de travail après l’élection présidentielle – elle aussi truquée - de 2020. Mais la situation des opposants politiques, des défenseurs des droits humains et des syndicats s’est encore détériorée après le début de l’agression russe contre l’Ukraine lancée en février 2022 et le soutien indéfectible montré depuis lors par Loukachenko à Poutine.  On parle aujourd’hui de plus de 1.200 prisonniers politiques détenus dans les geôles biélorusses.

Répression brutale : arrestations, tortures, prison

Le 19 avril 2022, le gouvernement dissolvait les syndicats indépendants, arrêtait leurs dirigeants et désignait les syndicats indépendants comme des organisations extrémistes. Leur tort ? refuser de cautionner l’appui à l’agression russe envers l’Ukraine et continuer à appeler pour le respect des droits des travailleurs et de la démocratie.

Les syndicalistes arrêtés ont été condamnés à des peine de prison allant de 2 à 11 ans de prison. Certains ont été torturés. Et pour tous les prisonniers, les conditions de détention sont particulièrement dures : travail forcé, absence de soins en cas de maladie, conditions d’hygiène désastreuses, interdiction de recevoir de l’aide de l’extérieur, etc. Avec, bien souvent, des situations encore plus discriminantes pour les femmes détenues. Sur les 70 syndicalistes arrêtés en 2022, 28 sont encore derrière les barreaux. Parmi eux, Alaksandr Yarashuk, le président de la confédération syndicale BKDP, condamné à 4 ans de prisons et dont les nouvelles qui nous parviennent sur son état de santé sont très inquiétantes.

Exil, harcèlement et témoignages : la parole des survivants

Ceux et celles qui ont été libérés ont rejoint les centaines de syndicalistes qui ont heureusement échappés à la prison mais qui sont régulièrement, eux et leur familles, harcelés, intimidés et sujets à de la violence physique et psychologique. D’autres ont choisi l’exil et ont rejoint ceux qui avaient déjà quitté le pays. Et ils témoignent, comme ce fût le cas lors du webinaire organisé par la Confédération syndicale internationale des syndicats le 16 avril dernier pour marquer le 3e anniversaire des rafles survenues en avril 2022. 

Et depuis lors, les choses ne s’améliorent pas. Que du contraire. La persécution est si brutale qu'aujourd'hui, le Belarus est considéré par la CSI comme l'un des dix pires pays au monde pour les travailleurs et les travailleuses (indice mondial des droits de la CSI). 

Face à cette répression, les syndicats biélorusses n'ont pas cessé de se battre, à l’intérieru, comme à l’extérieur. Grâce à la solidarité internationale, l'Organisation internationale du travail (OIT) a invoqué en 2023 l'article 33 de sa Constitution, une mesure exceptionnelle appliquée lorsqu'un pays ignore systématiquement les principes fondamentaux des relations de travail. C'est la première fois en près de vingt ans que cette voie est utilisée. Il ne s'agit pas d'une formalité : il s'agit d'affirmer haut et fort qu'un pays ne peut être autorisé à emprisonner ceux qui défendent les droits des travailleurs.

Une riposte internationale : l’OIT en action, la FGTB mobilisée

Avec l’ensemble de la CSI, la FGTB exige la libération des syndicalistes emprisonnés et l’abandon de toutes les charges retenues à leur encontre, la fin de toutes les formes d’intimidation, de harcèlement et de surveillance, et enfin, le rétablissement de la reconnaissance des syndicats indépendants. Nous avons aussi interpellé le gouvernement belge pour qu’il organise rapidement une réunion et nous explique les mesures qu’il a prise et entend prendre pour respecter la décision de l’OIT. Dossier à suivre donc. 

Pour aller plus loin

Auteur: Rafael.lamas@fgtb.be