Colbert, boussole de la traversée de l’Arizona…

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…pour la confection des tableaux budgétaires...
…et pour les futurs contrôles budgétaires…
…ainsi que pour la connaissance de revenus.
…pour la confection des tableaux budgétaires...
L’histoire raconte que face aux difficultés budgétaires de son pays, un ministre des finances osa la phrase « Sire, taxons les pauvres, ils sont plus nombreux »[1]. C’était il y a plus de 3 siècles… Mais Bart De Wever aime l’histoire, non ? Et peut-être pas uniquement l’histoire romaine !
L’analyse des tableaux budgétaires fournis tardivement par la nouvelle équipe De Wever-Bouchez montre en effet que ce gouvernement a malheureusement fait de cette citation attribuée à Colbert sa ligne de conduite pour remplir son budget… enfin à 8 milliards € près. Car Colbert n’avait pas encore inventé la botte magique des « effets retour », qui atteint dans leurs tableaux près d’un tiers des recettes budgétaires de l’Arizona.
De fait, ces tableaux dont un résumé avec l'effort examiné à plein régime en 2029 se trouve ci-après, nous montrent que :
- Les demandeurs d'emploi contribuent davantage que les grandes fortunes et les épaules les plus larges : 2,3 milliards € à charge des chômeurs via la réglementation et la suppression de la réduction d'impôt, contre 1,42 milliard € pour l’enveloppe ‘compétitivité’ au profit des entreprises et 227 millions pour des mesures spécifiques au profit des indépendants et PME. On peut conclure que les économies issues de la limitation des allocations de chômage sont reversées aux entreprises et PME sans aucune exigence de garantie de création d'emplois.
- Globalement, les modifications dans la Sécurité Sociale et l’aide sociale fournissent la grande partie de l’effort pour la traversée de l’Arizona – 9 milliards € - alors que les contributions pour les grandes fortunes et les épaules les plus larges (à qui on permet en outre de bénéficier d’une amnistie fiscale pour le fait d’avoir plombé les recettes de l’Etat depuis des années en fraudant) se limitent à peine à 1,2 milliards €.
- Les travailleurs et bénéficiaires d’allocations supportent 9 milliards € d'économie. Pour les actifs, cela est en partie compensé par une réforme fiscale qui augmente le salaire net de 3,5 milliards € de revenus nets… pour l'ensemble des contribuables (y compris les indépendants et dirigeants d'entreprises), mais pas pour les allocataires sociaux (retraités, chômeurs, malades).
…et pour les futurs contrôles budgétaires…
En outre, pour être certain que l’esprit de Colbert ne puisse être mis en doute lors de la traversée des années Arizona et des éventuelles crises et soubresauts budgétaires qui pourraient survenir, l’équipe BDW-GLB s’est engagée à ce que les épaules les plus larges ne puissent surtout pas supporter un effort de plus de 1/3 du tiers des éventuels efforts supplémentaires, ce qui donne- pour les moins fort en calcul mental – 11 % maximum d’efforts supplémentaires qui pourraient être mis à charge de ces épaules larges.
Pour la FGTB, dans un vrai plan budgétaire, il est indispensable de rendre notre système fiscal plus juste et équilibré. Cela passe par un impôt progressif sur le patrimoine qui rapportera bientôt des milliards par an, en globalisant les revenus, qu'ils soient du travail ou de la fortune, et en les taxant progressivement avec les dividendes et les intérêts, les revenus locatifs réels... Chaque euro est égal, qu'il soit gagné par le travail, les intérêts, les loyers ou les dividendes.
A cette fin, la FGTB revendique depuis de (trop) nombreuses années de mieux connaitre l’ensemble des revenus et du patrimoine de ces épaules larges. Une telle connaissance permettrait de rencontrer la recommandation du FMI de ce début février visant « idéalement à intégrer ces revenus [mobiliers] dans le revenu imposable global soumis à l’impôt des personnes physiques ». Pour rappel, selon les calculs du Bureau Fédéral du Plan, une telle mesure (préconisée e.a. par Vooruit ) pourrait rapporter entre 5,65 et 9,7 Milliards €/an selon les modalités de mise en œuvre. Montant à comparer avec les efforts demandés aux épaules larges par les guides de la caravane qui vont traverser l’Arizona.
… ainsi que pour la connaissance des revenus.
Pourtant, le projet De Wever-Bouchez ne le prévoit pas, que du contraire ! Fidèle à la boussole ‘Colbert’ et au mantra « Faisons contribuer les pauvres (et épargnons les riches)», ce gouvernement planifie de mettre en place un cadastre des pauvres en établissant la liste de l’ensemble des ‘avantage’kes’ sociaux dont ‘bénéficient’ certains allocataires sociaux (tarif social énergie, mobilité, ….).
A la lumière de ces constats, une question se pose : et si la boussole était trafiquée ?
Auteur : christophe.quintard@fgtb.be
Découvrez les tableaux résumés avec l'effort examiné à plein régime en 2029.
[1] L'historicité exacte de cette citation précise n’est pas 100% certaine. Elle serait apparue plus tard pour imager l'injustice fiscale sous l'Ancien Régime.