« AMMAR » célèbre 30 ans de lutte, la tête haute et les talons usés

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En Argentine, AMMAR (Asociación de Mujeres Meretrices de la Argentina) célèbre ses 30 ans d’existence sous la direction de Georgina Orellano. Les travailleurs du sexe se sont rebellés contre un système d'oppression et de brutalité policière. La honte s'est transformée en un sentiment de fierté et de militantisme lorsqu'ils ont compris que l'organisation collective, par le biais d'un syndicat, était la clé du changement. Le 11 mars 1995, les travailleurs du sexe de rue ont fondé le syndicat AMMAR.
Fierté
Ils se réapproprient fièrement le mot « Puta » (putain). Un terme qui était autrefois destiné à les humilier. En l'adoptant, ils lui ont ôté sa connotation négative et ils affaiblissent leurs adversaires.
Les premières manifestations se sont concentrées sur la suppression des ordres de police et le droit de travailler librement. Depuis, AMMAR a enregistré d'énormes progrès. Après avoir rencontré, les premières années, de grandes difficultés à se faire entendre dans cercles académiques et féministes, ils en font désormais partie à part entière.
Une syndicaliste assassinée
En 2004, Sandra Cabrera, une importante dirigeante syndicale d'AMMAR, a été assassinée par la police en raison de sa lutte contre la traite des êtres humains. Alors qu’on pensait que cet assassinat allait réduire AMMAR au silence, c'est le contraire qui s'est produit : le mouvement s'est développé et s'est étendu à 11 provinces d'Argentine.
Aujourd'hui, AMMAR dispose de ses propres locaux, un lieu sûr où les travailleurs du sexe trouvent du soutien et organisent des réunions. L'association occupe une place importante dans les médias nationaux et internationaux. Sa principale revendication est actuellement la reconnaissance du travail du sexe en tant que profession.
Un Président ultralibéral
Mais dans le contexte actuel de la politique ultra-libérale menée par le président Javier Milei, le combat syndical est très difficile. Milei détricote de nombreux acquis sociaux et restreint les libertés syndicales. Une grève nationale sera donc organisée le 10 avril en Argentine.
En tant que membre de la CTA-T (Central de Trabajadores de la Argentina), AMMAR consolide sa position au sein du mouvement syndical dans son ensemble. La CTA est un partenaire de la FGTB et, grâce à l'IFSI (Coopération internationale de la FGTB), les jeunes de la CTA-T sont renforcés dans leur combat syndical.
Auteur : hanne.demuzere@ifsi-isvi.be