Santé et la sécurité au travail \\ des conditions de travail sûres et saines en période de Covid-19
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Depuis le début de la pandémie, on a dénombré plus de 500.000 décès dus au coronavirus dans l’Union européenne, parmi lesquels figurent des milliers de travailleurs et travailleuses qui l’ont contracté sur le lieu de travail. À ceux-ci, s’ajoutent plus de 100.000 travailleurs décédés en 2020 en Europe d’un accident du travail, d’un cancer professionnel ou d’une autre maladie professionnelle.
Des conditions de travail sûres et saines en période de Covid-19
Le coronavirus a donné une toute nouvelle dimension à la problématique de la santé et la sécurité au travail. Les catégories les plus vulnérables se sont retrouvées plus souvent dans des situations dangereuses. Il s’agit principalement de secteurs moins bien rémunérés, où le travail précaire est la règle et où l’on constate une surreprésentation de femmes et de travailleurs et travailleuses d’origines diverses.
Dans certains secteurs, les travailleurs et travailleuses courent un risque d’infection plus élevé que dans d’autres. Il s’agit le plus souvent de secteurs qualifiés d’« essentiels » par les autorités. Ceux-ci sont donc restés actifs et plus encore que d’habitude. Les heures supplémentaires s’y accumulent. Par ailleurs, la nature du travail dans ces secteurs ne permet pas toujours aux travailleurs et travailleuses de garder la distance recommandée avec leurs collègues, clients ou patients. Encore moins de travailler à domicile.
L’impact des contrats précaires
Outre le personnel de la santé, les coursiers ont aussi été fortement touchés, tout comme les travailleurs (dont de nombreuses travailleuses) des supermarchés, le personnel d’entretien et d’autres catégories se trouvant « en première ligne ». Ont été particulièrement exposés : les travailleurs et travailleuses des plateformes, les personnes avec des contrats très précaires, ainsi que celles qui sont issues de l’immigration.
Le lieu et les conditions de travail ne sont donc pas les seuls facteurs à avoir un impact sur la santé. Le type de contrat et d’autres facteurs socioéconomiques sont presque tout aussi importants. Selon l’Institut syndical européen (ETUI), toute personne se trouvant dans une position socio-économique plus faible doit être considérée comme appartenant à un groupe à risque en cas d’épidémie ou de pandémie. Le travail, les revenus, le niveau d’éducation et d’autres indicateurs socio-économiques déterminent le risque et la gravité d’une infection.
La dimension de genre, facteur de risque
L’aspect « genre » entre également en compte dans le calcul du risque. Les femmes sont majoritaires dans les secteurs dits essentiels, tels que les soins. En Europe, dans le secteur infirmier, neuf travailleurs sur dix sont des travailleuses. Les femmes sont également beaucoup plus représentées dans le secteur de l’aide à domicile, les travaux d’entretien et d’autres secteurs de soins. Les salaires très bas, les contrats précaires, les horaires irréguliers et les équipements de sécurité inadéquats sont courants dans ces professions. Dans la sphère professionnelle, les femmes doivent en outre faire face au harcèlement sexuel.
Plus de sécurité sociale et des syndicats plus forts
La sécurité sociale a une fois de plus démontré son importance. Une meilleure représentation des travailleurs et travailleuses a également des effets positifs sur la sécurité et la santé au travail.
En effet, même si la première responsabilité pour des conditions de travail sûres et saines incombe à l’employeur, dans les faits, les dispositions en matière de sécurité sont souvent appliquées sans conviction, simplement « pour être en règle ».
La crise du coronavirus a ainsi démontré que des syndicats forts ont un effet positif direct sur la sécurité et la santé au travail. Les délégations syndicales connaissent les réalités du terrain et sont de loin les mieux placées pour rectifier le tir, si nécessaire. Dans un système où les profits passent souvent avant la santé des travailleurs, ces derniers doivent avoir leur mot à dire. Une meilleure représentation ne se limite pas à des négociations pour de meilleurs salaires. Les études montrent que les syndicats parviennent à négocier des mesures de sécurité supplémentaires, des primes de risque et, dans certains pays, une redistribution de l’emploi disponible pour sauver d’autres emplois.
À quand une norme fondamentale de l’OIT ?
La santé et la sécurité au travail ne figurent pas parmi les normes dites « fondamentales » de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Dans le cadre de la journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, la Confédération syndicale internationale, dont la FGTB est membre, revendique l’inclusion des Conventions relatives à la santé au travail dans la liste des Conventions fondamentales de l’OIT. Une revendication d’autant plus importante dans le contexte de la crise sanitaire que nous traversons. Soutenir l’initiative.