Risque de pauvreté immense chez les demandeurs d’emploi

07 juillet 2018
Actualité

Avoir un travail est un rempart important contre la pauvreté. Le risque de pauvreté est significativement plus élevé chez les chômeurs que chez tout autre groupe de la population. C’est prouvé par différentes études. Le risque de pauvreté est immense.

Alors que le gouvernement s’était engagé à relever les allocations sociales au-dessus du seuil de pauvreté, l’on constate qu’aujourd’hui, 90% des allocations sociales versées par l’État sont en dessous de celui-ci, établi à 1.039€ par mois pour un isolé.

Les chiffres sont alarmants ! Selon les derniers chiffres statistiques de l’Union européenne sur le revenu et les conditions de vie (EU-SILC) ce sont 49,1%, donc quasiment 1 chercheur d’emploi sur 2 qui court un grand risque de tomber dans la pauvreté.

 

   

  Risque de pauvreté

Travailleurs

5,0%

Demandeurs d’emploi

49,1%

(Pré-)pensionné

13,7%

Inactifs (autres)

32,7%

EU-SILC 2017 (revenus 2016)

Si l’on se concentre sur les familles sans emploi avec enfants, 80,7% de ces familles risquent aujourd’hui de tomber en situation de pauvreté.

Les allocations de chômage sous le seuil de pauvreté

Différents éléments entrent en ligne de compte pour expliquer que les allocations sont trop basses, et presque toujours inférieures au seuil de pauvreté.

  • Les salaires n’augmentent plus, et donc des allocations qui sont calculées sur cette base, non plus. Pour la FGTB, il faut mettre fin à :
    • la limitation des salaires (blocage salarial, marge salariale réduite)
    • la prolifération de contrats précaires qui contribuent peu ou pas à la sécurité sociale (stages, salaires des jeunes, flexijobs, ...).
    • au nouveau système de revenus complémentaires non imposés.
  • Il est également important d'ajuster régulièrement les allocations au bien-être. Par exemple, dans le contexte de l'enveloppe bien-être de 2017, la FGTB a négocié une augmentation de tous les minima sociaux de 1,7%. Dans le secteur du chômage, des investissements supplémentaires ont été réalisés en raison du risque élevé de pauvreté. Les minima de chômage ont été augmentés comme suit:
    • Les chefs de famille: + 3,5%
    • Personnes seules: + 2%
    • Cohabitants: + 1%
    • Les cohabitants privilégiés, c'est-à-dire ceux qui doivent vivre avec deux personnes, ont bénéficié d'une amélioration de 3,5%. L'allocation d’insertion pour une personne isolée de plus de 21 ans a été élevée au niveau du revenu d'intégration. Les chefs de famille ont reçu une augmentation de 3,5%, tout comme les autres minima du chômage. Les cohabitants privilégiés ont reçu une augmentation de 4,5%.
  • Il est important de revenir à la dégressivité, qui sape le principe d'assurance, et à la limitation dans le temps des allocations d’insertion.
  • Enfin, la FGTB plaide pour l'individualisation des allocations.

Une victoire importante concernant les allocataires sociaux qui partagent un logement

Pour les personnes à bas revenus, le partage d’un logement n’est généralement pas un libre choix, mais la seule possibilité de se loger à un prix abordable. Les personnes qui partagent un logement ne sont donc pas nécessairement des cohabitants, mais juste des colocataires. Ceci est un élément crucial quand les personnes concernées reçoivent une allocation. Si chaque habitant assure sa subsistance, il est considéré comme isolé et a droit à des allocations selon ce statut. C’est ce qu’a décidé la Cour de Cassation dans un arrêt récent (Cass., 9 octobre 2017, S.16.0084.N/1).

Il s’agit notamment de nombreux jeunes qui louent une chambre dans une maison qu’ils partagent avec d’autres. Pour beaucoup, c’est la seule façon de trouver un logement à un prix abordable. Mais pour ceux qui ont droit à une allocation de chômage ou d’insertion, ceci entraîne une insécurité juridique. Bien que ces personnes soient des isolés et assurent leur propre subsistance, les institutions de sécurité sociale les considèrent souvent comme des ‘cohabitants’ rien que parce qu’elles habitent avec d’autres personnes à la même adresse et qu’ils partagent le loyer, les frais de gaz et d’électricité. Conséquence : leurs allocations diminuent fortement. Avec l’arrêt récent de la Cour de Cassation, la Cour a mis les points sur les i. La Cour estime que l’avantage socio-économique de la cohabitation est insuffisant que pour considérer les habitants comme des cohabitants.