Le régime "réduction pour le premier travailleur" : une perte sèche pour la sécurité sociale.

Pour un premier travailleur engagé, les employeurs bénéficient d’une exonération de cotisations patronales. Selon les chiffres récents de SD Worx, l’utilisation de ce régime est en constante augmentation. Une observation qui inquiète la FGTB au vu du coût que représente ce système : 1,1 milliard en 2024 (à politique inchangée), le double si le régime devait se développer plus avant.

Dans le salaire brut, une part patronale est prélevée et versée directement à la sécurité sociale. Cette cotisation est destinée à financer la sécurité sociale de manière constante et régulière. Le principe est simple : toute le monde contribue car tôt ou tard, tout le monde aura besoin de la sécurité sociale. Maladie, accident du travail, retraite, naissance, autant de cas pris en charge par notre Sécu. C’est la solidarité.

Pour les employeurs, cette faveur sur le premier travailleur n’est rien d’autre qu’une remise, des soldes ouvertes sur la sécurité sociale.

Les conséquences sont évidentes. Jean-François Tamellini, secrétaire fédéral FGTB : « En 2019, cette mesure a coûté plus d’un demi-milliard d’euros. C’est une somme hallucinante, d’autant plus dans le climat actuel d’austérité et d’économie. Si on continue comme ça, la mesure représentera une dépense de 1,1 milliard d’euros en 2024. Il est donc impensable d’élargir ce système de cadeaux qui coute déjà très cher aux travailleurs et à la collectivité ! ».

Bonus pour l’employeur ! En effet, cette réduction s’applique à vie. Cela signifie que la sécurité sociale perd un revenu sur toute la carrière du travailleur concerné. C’est un cadeau aux entreprises ! Les cotisations sociales ne sont pas une perte, c’est un salaire différé.

L’employeur a également le luxe de choisir le travailleur qui sera le « premier travailleur », à condition qu’il ait été engagé entre 2016 et fin 2020. Par la logique des choses, le travailleur le mieux rémunéré sera choisi. Cependant, cette personne bénéficiera des mêmes droits à la sécurité sociale mais sans égale cotisation. Ce type de fonctionnement sape le système de solidarité et crée des inégalités.

« Comme d’habitude, il s’agit d’un cadeau sans contrepartie », indique également Raf De Weerdt, « c’est offert sans garantie en terme d’emploi. Une fleur faite au patronat ! Il vaudrait mieux que cette mesure disparaisse après 2020. »

Pour la FGTB si cet avantage devait perdurer, le prochain gouvernement devra réformer en profondeur son fonctionnement (réduction temporaire et forfaitaire), et rechercher une source alternative de financement pour combler le trou occasionné dans la sécurité sociale.

 

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