Notre société toujours moins égalitaire

01 février 2018
Actualité

Les inégalités s’aggravent chaque jour. Jamais auparavant, nous n’avions compté autant de personnes aussi riches que l’an dernier, souligne l’organisation Oxfam dans son nouveau rapport. La lutte contre la pauvreté n’a jamais été aussi importante.

Les 42 personnes les plus riches possèdent actuellement autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. 82% de la richesse créée l’an dernier est revenue à 1% de la population mondiale. En 2017, tous les deux jours, on comptait un nouveau milliardaire dans le monde. 3,7 milliards d’individus (soit la moitié la plus pauvre de la population mondiale) ne s’est quant à elle pas du tout enrichie.

Le néolibéralisme creuse encore le fossé entre les riches et les pauvres. Une petite élite accumule ainsi une richesse énorme sur le dos de centaines de millions de travailleurs. Pour la FGTB, ceci est la énième preuve – s’il en faut – que ce système est injuste et déséquilibré. Il est grand temps de s’atteler à la lutte contre l’évasion fiscale et d’obtenir des salaires plus élevés pour les travailleurs.

Il ne devrait plus y avoir de travailleurs pauvres. Ni de fraude fiscale. Ni d’inégalité.

Le fossé de l’égalité

Ce n’est pas un hasard si la publication du rapport d’Oxfam intervient maintenant. Le « gratin » (les riches, les politiques et l’ « élite » mondiale) se réunit actuellement à Davos dans le cadre du Forum économique mondial. Tous les beaux discours de « bobos » mis à part, se rend-on bien compte, durant ce forum dans les Alpes suisses, que les choix politiques libéraux qui y seront opérés sont injustes pour des millions de citoyens ?

A moins que l’on ne parvienne à combler le fossé entre les pauvres et les riches, on manquera totalement l’objectif, à savoir d’éradiquer totalement la pauvreté. Selon Oxfam, d’ici 2030, près d’un demi-milliard d’individus vivra toujours avec moins d’un 1,90 dollar/jour. Et ce, dans un monde où la richesse ne cesse d’augmenter !

Que penser du fait qu’il ne faut que 4 jours à un PDG d’une des grandes marques mondiales de la mode pour gagner autant que ce que gagnera un pauvre ouvrier textile du Bangladesh sur toute sa vie? Ou encore du fait qu’un PDG des 20 plus grandes entreprises du Bel-20 a un salaire horaire moyen de 541.67 euros? Le 17 janvier, un PDG du Bel-20 avait gagné autant que ce qu’un de ses travailleurs gagnera en moyenne sur toute l’année 2018.

Mais la justice n’est pas une utopie. Et vaincre la pauvreté non plus. Ce qu’il faut avant tout, c’est la volonté politique d’y parvenir. Une politique juste et vigoureuse, pas des propos en l’air dans un débat que l’on peut suivre en streaming sur Facebook.

Le fossé de la pauvreté

Partout dans le monde, souligne également Oxfam, l’extrême richesse de quelques-uns est souvent le résultat du travail mal rémunéré de beaucoup d’autres. Les avantages de la croissance économique reviennent de plus en plus à un petit groupe de multimilliardaires.

Les grandes entreprises et les plus riches jouent un rôle-clé dans l’augmentation de ce fossé. Ils utilisent leur pouvoir et leur influence pour veiller à ce que les mesures décidées par les pouvoirs publics leur soient favorables. Le « big business » est impitoyablement orienté vers la maximalisation du rendement pour les actionnaires, de toutes les manières possibles – que cela tire les salaires vers le bas ou favorise l’évasion fiscale, peu importe.

Avoir un emploi ne signifie pas automatiquement échapper à la pauvreté. Les travailleurs qui sont sortis de la pauvreté extrême restent souvent très pauvres. Ils sont endettés et ont des difficultés à subvenir aux besoins de leur famille.

Et c’est là que le bât blesse. L’an dernier, pour la première fois, plus de 150.000 personnes ont fait appel aux banques alimentaires. 150.000 personnes, ce sont 13.864 de plus par rapport à 2016 (143.287). En 5 ans, le nombre de personnes dans le besoin  a augmenté de 30 %, et en dix ans, il a même progressé à 45%.

Écart salarial

Près de 56% de la population mondiale vit avec 2 à 10 dollars par jour. Selon l’OIT, près d’un travailleur sur trois issu des pays en développement vit dans la pauvreté.

Et ce sont souvent les femmes qui sont perdantes. Dans le monde entier, les femmes gagnent nettement moins que les hommes et la part des femmes dans les emplois les moins bien rémunérés et les moins sûrs, est souvent très grande. Sans parler de l’écart salarial. Dans de nombreux pays, l’écart salarial est toujours bien présent. Et comme si cela ne suffisait pas, les femmes sont souvent victimes de discriminations sur le lieu de travail.

#Ensemblepourlechangement

Mais nous pouvons faire changer les choses. Pour faire disparaître les inégalités, nous pouvons travailler à une économie plus humaine, faisable pour tous. Et pas seulement pour les « happy few ». Nous avons besoin d’une économie qui récompense le travail.

Bien vivre commence par un bon salaire. Pour nous, un bon salaire est un salaire de minimum 14 euros par heure ou de 2.300 euros bruts par mois. C’est ce que nous aimerions obtenir pour tous les travailleurs, en compris ceux de moins de 21 ans.  L’indexation des salaires reste un point prioritaire, car grâce à l’indexation, nos salaires suivent automatiquement l’augmentation des prix des produits et services de première nécessité.

Nos pensions  belges sont parmi les plus basses d’Europe. C’est pourquoi, nous voulons une pension légale de 75% au lieu de 60% du salaire moyen et nous exigeons une pension minimum de 1.500 euros. Les périodes sans travail, comme les périodes de maladie et de chômage, doivent, selon nous, également être prises en compte. Comme notre sécurité sociale doit rester un système solidaire, solidaire avec ceux qui ont un coup dur. A l’avenir aussi, tout le monde doit pouvoir partir à la pension à 65 ans et plus tôt s’il y a 40 années de carrière. Même en cas de métier lourd, les travailleurs devraient, selon nous, pouvoir partir plus tôt à la pension.

L’Europe doit prévoir des augmentations salariales pour les travailleurs de tous les pays. Ils y ont droit. Nous souscrivons pleinement à cette revendication de la CES. Les augmentations salariales sont un moteur pour la croissance économique et l’emploi. Les travailleurs en Europe (et dans le reste du monde) y ont droit. Cette revendication permet de booster leur pouvoir d’achat, ce qui entraîne plus de justice sociale et plus d’emplois. Une situation gagnant-gagnant donc.