Réforme des pensions : Et si on remettait la réalité du travail au centre ?

15 juin 2022
Presse

Un accord sur la réforme des pensions est prévu avant l’été… La FGTB craint qu’il n’y ait un décalage total entre les mesures qui sont sur la table du gouvernement et la réalité du monde du travail. Il est temps de ne plus envisager les pensions comme une variable d’ajustement budgétaire, mais bien comme un projet qui réponde aux préoccupations des travailleuses et travailleurs.

Le retour du bonus pension, l’introduction d’une condition de carrière effective pour l’accès à la pension minimum, la pension à temps partiel, la revalorisation des pensions des femmes ou la généralisation du second pilier sont évoqués… mais rien, d’après nos informations, n’est à la hauteur des enjeux réels.

D'ici 2030, l'âge légal de la retraite passera à 67 ans, alors que l'espérance de vie moyenne en bonne santé n'est que de 65 ans. Travailler plus longtemps est impossible pour beaucoup de gens. L’explosion du nombre de malades de longue durée en atteste. C’est pourquoi la FGTB préconise l’accès à la pension à partir de 40 années de carrière.

La ministre Lalieux avait proposé la possibilité d’un départ anticipé après 42 années de carrière. Cela allégerait  la carrière de celles et ceux qui ont commencé à travailler très tôt. Cette mesure sera-t-elle reprise par le gouvernement? Au-delà de cette mesure, la FGTB demande depuis des années que la pénibilité au travail soit prise en compte dans la future réforme.  Travail de nuit, tâches répétitives, flexibilité accrue, charge psychosociale importante, etc.,  sont, parmi d’autres, des critères de pénibilité qui doivent permettre de partir plus tôt à la pension, sans perte financière. L’actuel gouvernement reste en défaut par rapport à cette demande.

Nous avons obtenu la pension minimum à 1500 euros net, c’est très bien. Mais cela ne rimerait plus à rien si demain, on changeait les règles du jeu. Par exemple, en introduisant des conditions de carrières effectives à raison de 20 années, comme le souhaitent les libéraux. La moitié des travailleurs qui ont accès à une pension minimum aujourd’hui, principalement des femmes, n’y aurait plus droit ! Bain de sang social assuré.

Un seul aspect pourrait se révéler positif : la revalorisation de la pension des femmes. L’écart de pension entre les hommes et les femmes doit être supprimé. Nous prenons note de ces bonnes intentions, mais les actes devront suivre.

Enfin, généraliser le deuxième pilier de pension n’est pas une priorité. Ce système est inégalitaire, comme l’a souligné la Cour des Comptes. Au 1er janvier 2020, le travailleur moyen ne disposait que de 3.344 euros de réserves via ce système. Cela correspond à 15 euros par mois comme supplément à la pension légale. Une aumône. C’est donc, la pension légale (premier pilier) qui reste le système le plus sûr et le plus solidaire.

Les dépenses liées aux pensions vont inévitablement augmenter au cours des prochaines décennies. Mais la productivité et les richesses sont en augmentation constante, ce qui permet d’assumer cet investissement. Par ailleurs, les réductions de cotisations sociales patronales et les rémunérations alternatives sur lesquelles aucune cotisation n’est prélevée représentent des moyens à récupérer. Refinancer notre système de pension par répartition est un choix politique.

À quelques jours de la manifestation nationale du 20 juin sur le pouvoir d’achat, nous demandons au gouvernement de ne pas appauvrir les travailleurs et travailleuses, en ficelant une réforme qui serait déconnectée du monde du travail.