Baromètre socio-économique 2019

07 octobre 2019
Presse

A l’occasion de la journée internationale du travail décent, la FGTB a présenté son traditionnel Baromètre socio-économique. Au travers d’une analyse fine recoupant des données statistiques de plusieurs organismes officiels, la FGTB démontre une paupérisation généralisée de la population, une situation économique en berne et une réalité budgétaire qui rattrape les opérations de maquillages du Gouvernement MR/N-VA. Cette analyse économique et sociale du pays intervient cette année en l’absence d’un gouvernement fédéral et d’une déclaration de politique générale. La FGTB elle n’entend pas attendre que « la messe soit dite » et a décidé de proposer un véritable cahier des charges économique et sociale pour le futur Gouvernement.

Comme chaque année, la FGTB a livré son analyse de la situation économique et sociale de la Belgique. Loin des discours et des promesses électorales déjà envolées, la FGTB s’est livrée à un véritable reality-chek de la situation économique et sociale du pays.

Quatre indications lourdes se dégagent de l’analyse de la FGTB  : une conjoncture internationale inquiétante, un appauvrissement généralisé de la population belge, une sécurité sociale étranglée et une situation budgétaire globale préoccupante.

Une situation économique préoccupante

4 années perdues en termes de croissance économique et de création d’emploi. Avant la prise en fonction du Gouvernement Michel, l’économie belge progressait mieux que la moyenne de la zone euro. Mais les recettes libérales du Gouvernement Michel : économies, diminution de l’investissement public, réduction des salaires ou des avantages ont eu un impact désastreux sur la croissance. Le graphique ci-dessous montre la croissance économique belge comparée à la moyenne de la zone euro. Au quatrième trimestre 2012, la croissance belge était supérieure de 1% à la moyenne de la zone euro, à partir de 2015, elle était inférieure à la moyenne de la zone euro.

Une paupérisation généralisée

Malgré l’indexation, le salaire réel des travailleurs a diminué entre 2014 et 2018

Malgré l’indexation automatique des salaires, les salaires réels (c’est-à-dire les salaires moins l’inflation) ont régressé de 2,4% depuis 2014. En Allemagne, sur la même période, les salaires ont progressé de près de 7%. En France et aux Pays-Bas, de plus de 3%.

 

La ‘valeur’ du salaire minimum a diminué en Belgique et en Grèce (elle a augmenté en Europe)

Le salaire minimum en termes réels (en tenant compte de l’inflation), a également perdu de sa valeur. Outre la Grèce, la Belgique est le seul pays de l’UE où le salaire minimum a perdu de la valeur entre 2010 et 2019.

 

Le nombre de « travailleurs pauvres » a augmenté

Un quart de million de Belges sont en risque élevé de pauvreté ou d’exclusion sociale (ils gagnent moins de 60% du revenu médian) alors qu’ils ont un emploi. Cela représente cinq pourcents des 4,8 millions d’actifs de notre pays. Au cours de ces dix dernières années, le nombre de travailleurs pauvres a augmenté de plus de 16%.

 

Sécurité sociale étranglée

Comme l’a dénoncé la FGTB, à situation inchangée, le trou de la sécurité sociale pourrait être de 6,4 milliards d’ici 2024. Ce trou s’explique principalement par le manque de recettes de la sécurité sociale et par la mauvaise gestion de l’équipe gouvernementale sortante. A cet égard, la FGTB rappelle que, sans l’intervention de la sécurité sociale, la pauvreté exploserait.

 

« Gouffre » budgétaire

Les recettes libérales et patronales portées par le Gouvernement MR/N-VA ont montré toute leur inefficacité. Réductions de cotisations sociales par-ci et cadeaux fiscaux par-là auront gravement grevé les budgets de l’État.  À situation inchangée, le trou budgétaire de notre pays s’élèvera à 12 milliards en 2024 !

Face à cet état de délabrement de l’économie et aux conséquences sociales importantes, la FGTB a dressé un cahier de charge économique et social qu’elle adressera au futur gouvernement fédéral. La FGTB identifie trois domaines d’action prioritaires. En ce qui concerne le pouvoir d’achat, la FGTB insiste pour l’augmentation du salaire minimum à 14€/heure, une pension à 1.500€ minimum et correspondant à 75% du salaire moyen du travailleur ainsi que le relèvement des allocations sociales au-dessus du seuil de pauvreté. En matière de sécurité sociale, elle exige un refinancement correct de la sécurité sociale qui permette d’assurer la protection des citoyens contre les accidents de la vie et l’explosion des nouvelles pathologies. Enfin, sur le plan budgétaire, la FGTB plaide pour la mise en place d’une grande réforme fiscale qui mette à contribution ceux aux épaules les plus robustes. La FGTB souhaite également que le gouffre budgétaire ne soit pas utilisé comme prétexte pour voler à nouveau dans la poche des travailleurs.