Le CCE publie son Rapport Emploi et compétitivité

Publié le

Le Conseil central de l’économie a publié son rapport sur l’emploi et la compétitivité pour 2024. Ce rapport est un document d'accompagnement du rapport sur les marges disponibles qui a été publié précédemment. Il a été établi en concertation avec les interlocuteurs sociaux et propose une analyse des principaux défis qui se posent à l’économie belge. Le rapport se penche spécifiquement sur les transitions en matière climatique, technologique et démographique. Le rapport est spécifiquement destiné comme message au gouvernement fédéral et souligne que les défis ne peuvent être relevés qu’avec un système de concertation sociale performant.. 

Le rapport identifie plusieurs défis importants. D’abord, il y a la transition écologique, avec la politique actuelle qui est insuffisante pour rencontrer les objectifs climatiques. Le changement climatique a des conséquences telles que les conditions météorologiques extrêmes, la perte de biodiversité et des perturbations économiques, et a donc un impact direct sur les travailleurs. Si les objectifs climatiques ne sont pas rencontrés, il y aura des conséquences financières pour les pouvoirs publics. Parallèlement, il y a la transition démographique, avec le défi du vieillissement pour les finances publiques en raison de l'augmentation des coûts des pensions et des soins de santé.  La transition technologique constitue un autre défi, puisque les nouvelles évolutions technologiques ne sont pas suffisamment exploitées, ce qui compromet les gains économiques et sociaux. Enfin, il y a le contexte géopolitique, les changements géopolitiques générant des troubles politiques et perturbant les chaînes de valeur mondiales.

Pour répondre à ces défis, le rapport propose une vision et une stratégie. Les modèles de consommation et de production doivent changer pour utiliser les ressources plus efficacement et réduire les émissions de CO2. Des investissements importants sont nécessaires dans les infrastructures publiques, l'efficacité énergétique des ménages, les processus industriels et l'agriculture. Pour maintenir notre niveau de vie, l'utilisation des ressources (productivité) devra être plus efficace et l'emploi joue un rôle à cet égard. Il est essentiel que personne ne soit oublié dans ces transitions ; une approche collective est nécessaire, l’humain doit être au centre des préoccupations et des mesures spécifiques s’imposent pour protéger les groupes à risque. Des investissements dans l'innovation sont essentiels pour l’intégration dans les nouvelles chaînes de valeur et l’amélioration de l'efficacité. Parallèlement, il faut garantir la disponibilité des matières premières et des technologies essentielles et les finances publiques doivent rester tenables.

Formation et qualité des emplois 

Le rapport formule plusieurs recommandations pour réaliser cette vision. Il convient de mettre l’accent sur un enseignement et une formation continue de qualité et inclusifs, où les compétences personnelles de base sont centrales, les formations STEM étant mises en avant pour répondre aux évolutions technologiques et aux besoins de formation des groupes les plus vulnérables. L’écosystème d’innovation doit être renforcé avec un accent sur la digitalisation et l'IA, le soutien devant contribuer au maximum à la création de valeur sociétale. Les investissements publics en infrastructure doit être renforcés et induire un effet multiplicateur significatif sur l'économie. Il faut améliorer la qualité de l’emploi, principalement pour les groupes à risques comme les jeunes et les peu qualifiés, par de meilleures possibilités de formation, une limitation des contrats temporaires, l’amélioration des conditions de travail (en ce compris les salaires et les conditions de travail), l’amélioration de l’image des emplois et la suppression des pièges à l’emploi. Il faut aussi développer une stratégie pour éviter le risque de maladies de longue durée et l’invalidité. A améliorer également, la conciliation de la vie familiale et professionnelle, les services aux familles. Enfin, il faut accélérer la transition vers une économie circulaire et les finances publiques doivent être préservées à tous les niveaux via une répartition équilibrée des efforts à court et long terme entre les dépenses et les recettes .

Les interlocuteurs sociaux ont leur place autour de la table

Le CCE se penchera plus en détail sur la question et intégrera également dans son analyse les points de la mobilité, du logement et des secteurs à forte consommation énergétique. Le rapport met en avant l’importance d’un système de concertation sociale efficace et l’autonomie des interlocuteurs sociaux.  Le rapport montre clairement que les interlocuteurs sociaux peuvent développer une vision sociale à long terme qui va au-delà des politiques (souvent) à court terme et que les interlocuteurs sociaux ont une place autour de la table lorsqu'il s’agit de discuter de thèmes tels que la transition climatique, la technologie, les finances publiques.

 

Auteur : lars.vandekeybus@abvv.be