Un plan social climat qui protège et investit est urgent

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D'ici un an et demi, un nouveau prix européen du carbone entrera en vigueur (“Emission trading system”, ou ETS 2) centré sur le transport et le chauffage. Dans la pratique, il deviendra donc plus coûteux de se déplacer et de se chauffer avec des combustibles polluants. Il est crucial que nos gouvernements ne laissent pas les ménages vulnérables seuls face à cette hausse programmée.

Pour protéger ces ménages, un « Fonds social climat » a été créé. Il sera alimenté par une partie des revenus récoltés via l’ETS 2, qui s’élèvent à plusieurs milliards d’euros pour les années à venir. D’ici juin 2025, notre pays doit présenter à la Commission européenne un Plan Social Climat, qui précisera comment notre pays entend utiliser les revenus du Fonds Social Climat et éviter, ou du moins limiter, l’augmentation de la précarité énergétique ou liée au transport due à l’ETS 2. Les régions et le gouvernement fédéral négocient actuellement la répartition de l’argent de l’ETS 2 et le Plan Social Climat belge. Les enjeux sont donc vitaux.

Notre pays ne peut pas se permettre de louper le coche. D'ici juin, il doit y avoir un plan qui indique clairement comment les régions et le niveau fédéral peuvent, ensemble, limiter les risques engendrés par le marché du carbone ETS 2. A condition d'utiliser ces fonds intelligemment, nous pouvons préserver les  ménages les plus vulnérables de factures de plus en plus élevées. À nos gouvernements : ne vous lancez donc pas dans une bataille sans fin sur la répartition de ce gâteau !  Répartissez l'argent en fonction des besoins sociaux, mettez-vous rapidement d'accord et présentez à temps un plan solide et bien coordonné.

Pour préserver les ménages précaires et les petites entreprises, les gouvernements doivent à la fois protéger et investir

Protéger d’abord. Il est clair que ceux qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts ne peuvent pas encaisser dès aujourd’hui une hausse des prix, tout en attendant des années pour obtenir des subventions de rénovation ou de nouveaux bus. Pour ceux-là, l’Etat doit prévoir un soutien financier ciblé, dès la mise en œuvre de l’ETS 2. 

Préparer l’avenir en investissant ensuite. Car une véritable rupture avec les combustibles fossiles ne sera possible qu'avec des investissements à grande échelle. Il faut donc aider les ménages vulnérables à se libérer plus rapidement de l’emprise des combustibles fossiles. Veillez à ce qu'ils puissent se déplacer sans essence ni diesel, et se chauffer sans gaz naturel ni mazout. Ce ne sera possible qu’avec de nouvelles mesures d’investissement de grande ampleur en faveur d'un mode de vie sans énergie fossile. Par exemple, en investissant dans la rénovation collective dans les quartiers plus défavorisés. Personne ne peut être laissé sur le côté. Le Plan Social Climat doit notamment accélérer la rénovation du parc locatif privé et prévoir des mesures de protection des locataires.

Nos gouvernements doivent aussi reconnaître que l’argent du Fonds social climat est loin d’être suffisant : il faut que l’entièreté des revenus de l’ETS 2, et pas uniquement le pourcentage réservé au Fonds Social Climat, soient consacrés à ce double objectif de protéger et d’investir.

Dans l’état actuel, la Belgique est mal partie pour atteindre ses objectifs climatiques. Il est pourtant vital de nous détourner de l’usage des combustibles fossiles par des mesures politiques fortes et bien articulées au sein d’un Plan National Énergie Climat qui fait encore défaut. L’outil du marché carbone, seul, ne permettra certainement pas d’atteindre ce but. Il doit s’insérer dans un ensemble de politiques publiques cohérentes et ambitieuses, qui intègrent une vision de long terme. 

Une utilisation ciblée des revenus de l’ETS 2 en priorité vers les populations précaires est l’unique réponse acceptable pour implémenter une transition climatique juste, seule à même de répondre au double objectif environnemental et social.