Politique climatique belge : plus d’ambition, s’il vous plaît !

La COP28 démarrait hier aux Emirats arabes unis et la FGTB n’y a envoyé aucun·e représentant·e afin de ne pas cautionner un green washing de première catégorie et surtout la violation des droits sociaux et humains que dissimule un tel sommet dans le pays hôte. Non pas que nous réfutions les objectifs d’une économie décarbonée, bien au contraire ! Mais nous plaidons pour plus d’ambition, plus de cohérence dans les actes posés, et plus de concertation dans les décisions prises. La « pause climatique » n’est pas une option. La Cour d’appel de Bruxelles vient d’ailleurs de condamner la Belgique pour son inaction climatique, pointant notamment sa négligence en matière de réduction de gaz à effet de serre.

Une responsabilité évidente

Les rapports scientifiques préconisent une transformation radicale, qui change complètement notre mode de production et de consommation. Un nouveau rapport de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) affirme que si toutes les politiques des États pour lutter contre le réchauffement climatique étaient bien appliquées, les émissions de gaz à effet de serre seraient en baisse de 2 % entre 2019-2030. Ceci alors que l’objectif préconisé par les scientifiques est de 43 %. « Nous sommes hors-piste », conclut le secrétaire exécutif de la CCNUCC[1].

Il faut donc revoir les ambitions à la hausse ! Nous devons sortir des énergies fossiles.  Et la Belgique ne peut plus fermer les yeux sur la responsabilité qu’elle endosse, au même titre que les pays qui se sont développés grâce à une industrie fortement émettrice en CO2. Nous devons faire notre part d’efforts sans tergiverser. Le progrès social doit désormais être compatible avec les limites de la planète.

 

Le Premier ministre De Croo s'est présenté comme un lobbyiste de l'industrie dans la perspective de la COP28, plaidant contre des objectifs plus ambitieux, pour davantage de subventions aux entreprises et pour un focus naïf sur des technologies qui n'existent pas aujourd'hui. D'une part, cela ne contribuera guère à réduire les émissions de gaz à effet de serre au cours de la prochaine décennie. D'autre part, M. De Croo oublie une fois de plus l'impact et le rôle des travailleurs dans la transition.

 

Un enjeu politique majeur

Si le Premier ministre veut rassurer les industriels, il doit le faire sans sous-estimer les efforts colossaux à fournir ni les conséquences de cette transition sur les travailleurs et travailleuses. Au total, elle devrait impacter près de la moitié de l’emploi en Belgique : 25% directement, 20% indirectement[2]. Conformément aux engagements pris par la Belgique à l’Organisation International du Travail[3], les syndicats sont prêts à la concertation sociale  sans tabou aux niveaux interprofessionnel et sectoriel. Toutes les subventions à la transition doivent être conditionnées à des plans climatiques négociés au sein de l'entreprise. Chaque niveau de pouvoir, fédéral et régional, doit accélérer la transition juste. La faiblesse des politiques actuelles entraîne une incertitude grandissante, clairement visible dans des secteurs comme l'agriculture. La politique belge du climat gagnerait grandement à être mieux coordonnée et plus cohérente.  Et par ailleurs, aucun plan d’austérité budgétaire venant de l’Europe n’est compatible avec les objectifs climatiques. Car pour les atteindre, les États ont besoin d’investir massivement dans les services publics, l’innovation, la formation, la protection sociale….

 

Dimanche 3 décembre, la FGTB organisera un « bloc rouge » à la marche climat pour une transition juste et ambitieuse, à Bruxelles. Un rendez-vous citoyen que nos militant·es ne manqueront pas !

 

 

 

 

[1] www.reporterre.net, article du 15 novembre 2023, citant le rapport des Nations Unies sorti le 14 novembre 2023

[2] Rapport fédéral sur l’incidence de la transition climatique sur le marché du travail, juin 2023.

[3] https://www.ilo.org/ilc/ILCSessions/111/committees/just-transition/WCMS_885376/lang--fr/index.htm