L'égalité salariale, vaccin contre les emplois peu valorisés de nos "héroïnes"

16 juillet 2020
Actualité

Infirmières, aides soignantes et familiales, personnel de magasin ou d'entretien, éducatrices, personnel de crèche ou d’accueil... Toutes ont fait tourner la société pendant le confinement ! A quand une revalorisation de leur salaire ?

Les personnes qui ont continué à travailler dans les secteurs dits essentiels ou vitaux, pendant la crise corona, sont désormais acclamés comme des héros. Mais la grande majorité de ces héros sont en fait... des héroïnes. Citons entre autres les infirmières, les aides-soignantes, les aides familiales, les travailleuses des titres-services, le personnel de magasin ou d'entretien, les éducatrices, le personnel de crèche ou d’accueil...

Toutes se sont consacrées totalement à leurs fonctions et ont fait tourner la société pendant le confinement, souvent en mettant leur propre santé en danger, et le tout sans les équipements de protection nécessaires.

Les emplois de ces travailleuses ont un point commun : ils sont mal payés et peu valorisés. Et c'est le cas depuis des années. “Grâce” à la crise corona, il est pourtant clair désormais, et pour tout le monde, que ces professions sont essentielles.

Mur de verre

Durant nos campagnes annuelles pour l'égalité salariale entre les femmes et les hommes, nous condamnons systématiquement cette ségrégation horizontale - le “mur de verre”- qui place les femmes dans des secteurs et professions moins valorisés, et moins rémunérés. Aujourd'hui encore, il existe de nombreux secteurs et métiers étiquetés typiquement « féminins » (par exemple les services et le non-marchand) ou à l’inverse « masculins » (citons la chimie, les assurances, les banques…).

Après le temps des applaudissements pour les soins de santé, il est l’heure d’une revalorisation structurelle pour ceux et celles qui travaillent dans ces secteurs dits vitaux et essentiels. Via des négociations salariales et la libération de budgets, plus que nécessaires au personnel des services publics et du non marchand.

Une importante revalorisation du travail faiblement rémunéré est aujourd’hui cruciale. Elle doit commencer par une augmentation drastique du salaire minimum à 14 euros brut de l'heure ou 2300 euros brut par mois. Et la garantie d'un salaire égal pour un travail équivalent.

L’écart salarial est encore plus grand que nous le pensions

Fin 2019, l'Institut pour l'égalité des femmes et des hommes a lancé un rapport sur l'écart salarial, en utilisant une nouvelle méthodologie basée sur les données (complètes) des bases de données de l'ONSS (chiffres 2017). Le calcul comprend désormais également des données sur les petites et moyennes entreprises et le secteur public.

Il s'avère que l'écart salarial général entre les femmes et les hommes, sur une base annuelle, est de 23,7% au lieu de 20% comme nous le pensions. L'écart de rémunération entre les employés du secteur privé et les contractuels du secteur public est de 28,2%. Et pour les fonctionnaires statutaires, l'écart de rémunération annuel est de 17,5%.

Il faut plus de transparence !

En 2012, une loi qui a pour vocation de lutter contre l'écart salarial entre hommes et femmes a été votée en Belgique. Ce, pour remédier aux inégalités salariales à tous les niveaux de la concertation sociale : aux niveaux interprofessionnel, sectoriel et de l'entreprise. Malheureusement, à ce jour, nous ne voyons aucune amélioration.

À la demande des syndicats européens, le président de la Commission européenne s'est engagé à travailler sur une directive obligatoire, encore en 2020, pour une plus grande transparence des salaires. Faisons pression pour que cela se produise!