Congé pour aidants proches : un luxe réservé à celles et ceux qui peuvent se le permettre ?

À l'occasion de la Journée des aidants proches, le 23 juin, la FGTB demande un meilleur statut social pour les personnes qui s'occupent d'un ou plusieurs membres de leur famille, d'amis ou de connaissances qui ont besoin d'aide et de soins. Les aidants proches font un travail considérable qui n’est pas reconnu à sa juste valeur. 

En 2021, 12 898 travailleurs étaient inscrits comme aidants proches, dont une majorité de femmes. Cumuler les soins à autrui et une activité professionnelle fait souvent peser une lourde charge sur l'aidant proche, parfois au détriment de sa propre santé. Concrètement, il ressort d’études scientifiques - entre autres menées par Bauer et Sousa-Poza (Impacts of Informal Caregiving on Caregiver Employment, Health and Family in Journal of Population Ageing) de 2015 -,  que les  aidants proches souffrent de stress, de dépression et de mal-être.  

Pour rendre ce cumul plus supportable, un congé pour aidants proches existe. Malheureusement, sans le dire, cette mesure concerne principalement les personnes qui disposent de revenus élevés. En effet, les indemnités accordées aux aidants proches sont trop faibles (828,45 euros nets par mois) pour une interruption à temps plein. Ce qui est bien inférieur au seuil de pauvreté européen. De plus, la durée du congé est souvent trop courte pour couvrir la période nécessaire aux soins. Enfin, ce congé ne peut être pris de manière suffisamment souple, ce qui ne correspond pas à la réalité des malades.  

La FGTB demande donc une évaluation du statut de l'aidant proche. Des mesures  pour l'améliorer. Nous voulons une allocation qui  compense plus efficacement la perte de revenus et nous demandons une extension du congé à six mois d'interruption complète. Par ailleurs, il doit être possible de prendre le congé d’aidant proche de manière flexible, à l’image du congé parental. Ce statut doit être amélioré en matière de droits à la retraite et de chômage. Enfin, les conditions d'octroi du statut d'aidant proche doivent être modifiées, car elles constituent trop souvent un obstacle. Par exemple : la condition de résidence pour les personnes qui fournissent des soins et la limitation du nombre d'aidants pour une même personne, sont des freins.

Dans le cadre de la transposition de la directive européenne sur l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour les parents et les aidants familiaux, le gouvernement s’est accordé pour octroyer  à chaque travailleur un droit à cinq jours ouvrables/an de congé « pour soins ». Nous demandons donc que ce droit soit rapidement inscrit dans la législation belge et que les personnes qui prodiguent des soins ces jours-là ne subissent aucune perte de revenus. 

Les aidants proches  ne demandent pas de récompense, mais un soutien et une reconnaissance pour le travail fourni. Car ils, et surtout elles puisqu’il s’agit principalement de femmes, font toute la différence.