Baromètre 2021 : messages et chiffres-clés

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Cette édition 2021 de notre baromètre socio-économique fait le point après près de deux ans de crise sanitaire. Quelles sont les forces et les vulnérabilités de notre société ? Quels sont les remparts qui nous maintiennent à flot ? Qui sont les victimes de la crise ? Quelles sont les opportunités à saisir dans les années à venir si nous voulons ressortir plus forts de la crise ?

Contexte économique

Notre économie se redresse plus rapidement que prévu et, en cette fin 2021, l’activité économique a dépassé le niveau d'avant-crise. Les scénarios apocalyptiques annonçant des années de faible croissance et de lourdes pertes d'emplois ne semblent pas se concrétiser. Les bénéfices des entreprises se sont redressés très rapidement et, selon la BNB, ils atteindront à nouveau des niveaux record l'année prochaine. Malgré cela, nous nous voyons contraint et forcés d’accepter une marge salariale de 0,4%.

Soins de santé, sécurité sociale et concertation sociale : amortisseurs de la crise

Le baromètre nous indique que pour chaque euro dépensé dans les soins de santé, le niveau de qualité de nos soins est supérieur, en comparaison avec nos pays voisins. Sur le terrain, force est de constater que les investissements sont insuffisants et que les économies réalisées depuis des années ont un impact négatif sur les conditions de travail et les salaires des travailleuses et travailleurs du secteur.

La sécurité sociale a fourni un filet de sécurité pour les personnes temporairement sans emploi. Dans les pays où le système de chômage temporaire n'existe pas, les dégâts ont été beaucoup plus importants. Dans ce contexte, la FGTB a obtenu une augmentation du niveau des indemnités de remplacement pour tous les travailleurs en chômage temporaire.

Le rôle de la concertation sociale a été essentiel pour la bonne mise en oeuvre des mesures de protection de la santé et de la sécurité au travail. Il a également été crucial dans la mise en place du télétravail.

Nos vulnérabilités mises en lumière par la crise

Le coronavirus a induit un risque de mortalité plus élevé chez les personnes à faibles revenus. On sait que les inégalités de revenus ont un lien significatif avec le risque de mortalité : plus le revenu est faible, plus le risque de décès est élevé. Face au virus, les inégalités persistent.

Les personnes en situation de pauvreté ont vu leur situation s’aggraver. Les ménages aux revenus les plus faibles ont subi des pertes de revenus relativement plus importante. En outre, le nombre de bénéficiaires du RIS a connu une augmentation importante et 200.000 personnes ont fréquenté les banques alimentaires en 2021.

Les femmes ont payé un plus lourd tribut à la crise. Le congé parental corona a été pris majoritairement par les femmes, assumant plus de responsabilités dans les tâches ménagères et de soins. En ce qui concerne le taux d'emploi des jeunes femmes, c’est celui qui a le plus baissé pendant la crise. 

Le nombre de malades de longue durée ne cesse d’augmenter en Belgique. Les principales causes d’invalidité sont les troubles musculosquelettiques et les troubles psychiques (dont le stress au travail et le burn-out).

Le revenu est un facteur déterminant en matière de fracture numérique. Plus de 60% des 25% des revenus les plus faibles n’ont pas ou peu de compétences numériques. La fracture numérique est également plus marquée chez les femmes peu diplômées, ce qui en fait un groupe vulnérable.

Les leçons à tirer de cette crise

Revalorisons les salaires. Depuis la révision de la loi sur la norme salariale en 1996, les salaires ont pris un retard de plus de 12 % sur la productivité. Les gains de productivité vont majoritairement aux entreprises (et aux actionnaires), tandis que le pouvoir d’achat des ménages s’érode.

Renforçons la sécurité sociale et empêchons les fuites. Au moins 6,8 milliards de la masse salariale ne sont pas soumis aux cotisations sociales. Ils pourraient rapporter 2,6 milliards d’euros.

Renforçons les investissements publics. L’investissement public est à la traine dans notre pays tant par rapport au passé que par rapport à nos pays voisins. En outre les charges d'intérêts n'ont jamais été aussi basses.

Réévaluons les subventions aux entreprises. Les subventions salariales doivent être prises en compte dans la comparaison des coûts salariaux entre la Belgique et les pays voisins.

Luttons contre les inégalités. La Belgique se situe entre les États-Unis et le Royaume-Uni en termes d'augmentation des inégalités de richesse depuis la crise financière. Les inégalités continuent à croître contrairement à ce qui se passe en France ou en Allemagne.

Réalisons la transition énergétique et luttons contre la pauvreté énergétique. Les personnes aux revenus les plus faibles sont celles qui ont relativement les dépenses énergétiques les plus élevées.