La sécurité sociale de demain

19 novembre 2019
Actualité

Notre sécu’, la promesse d’être toujours protégé

Depuis près de 75 ans, la sécurité sociale, véritable temple de la protection des travailleurs, soutient des millions de citoyens belges durant les aléas de la vie. Elle est aussi à nos côtés pour nous permettre de profiter pleinement des bons mo­ments, tels que, par exemple, la naissance d’un enfant.

Basée sur un principe puissant de solidarité, notre sécurité sociale nous accom­pagne tout au long de notre vie. Le principe initial et révolutionnaire pour l’époque sur lequel repose la sécurité sociale est toujours aussi efficace aujourd’hui : « cha­cun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins ». Autrement dit: chacun met un peu de son salaire dans un pot commun et le jour où l’un d’entre nous en a besoin, il est aidé par tout le monde !

Quand les règles de son financement sont respectées, il s’agit de l’outil le plus puissant dont nous disposons pour lutter contre les inégalités et la pauvreté. En effet, sans la sécu’, des millions de Belges seraient en situation de pauvreté. Se­lon l’OCDE, sans sécurité sociale, la pauvreté exploserait. Selon Statbel, actuelle­ment déjà près d’1 Belge sur 5 est en situation de pauvreté (16,4% en 2018). Sans transferts sociaux, plus de 40% de la population serait en situation de risque de pauvreté !

Ce conquis syndical et cette promesse d’une vie sans accrocs insurmontables sont malheureusement aujourd’hui menacés de toutes parts. On relève 5 menaces qui planent au-dessous de nos têtes à tous !

 

 

Les menaces sur notre sécu’

1) La diminution de la protection et la menace de privatisation

Aujourd’hui 1 travailleur sans emploi sur 2 présente un risque de pauvreté. 4 fa­milles monoparentales sur 10 sont en situation de pauvreté. Aujourd’hui déjà la sécurité sociale ne protège plus assez. La réponse imposée d’une privatisation par une droite et un patronat décomplexés se fait de plus en plus pressante. Les grandes puissances financières et économiques lorgnant sur ce qui s’apparente pour eux à un véritable marché. Etant en quête du profit à tout prix, ces assu­rances privées renforcent les inégalités plutôt que de les réduire.

2) Régionalisation de la sécu’ = un problème et non une solution !

La sécurité sociale est également menacée de dislocation. En effet, les velléités nationalistes et indépendantistes menacent de déconstruire brique par brique, pan par pan notre sécurité sociale. Ce travail de sape, débuté en 1993, n’a cessé depuis. Or, à l’instar de toutes les assurances, la diminution de la base cotisante n’aboutira qu’à une seule chose… la diminution du taux de protection.

Notre modèle de sécurité sociale assure aujourd’hui la solidarité interperson­nelle. Autrement dit, la solidarité entre les hauts et les bas revenus, entre ceux aux épaules les plus larges et ceux aux épaules plus fragiles, entre les riches et les moins fortunés. En outre, plus la base sur laquelle repose la sécurité sociale est large et solide mieux elle est organisée. Nous sommes convaincus que nous avons besoin de solidarité pour faire qu’une société soit plus qu’une simple somme d’in­dividus qui ne comptent que sur leur responsabilité individuelle.

3) Le vieillissement de la population : une donnée sociétale à intégrer

Le vieillissement de la population entraîne de facto des dépenses supplémen­taires. Ainsi, le comité d’étude sur le vieillissement estime le coût du vieillissement entre 2018 et 2070 à 2,4% du PIB. Ce phénomène, nous le connaissons depuis longtemps. Or, ce n’est pas parce que le nombre de personnes âgées a augmenté que nous devons diminuer leur protection. Que du contraire ! Pourtant certains utilisent ce « vieillissement » de la population pour détricoter notre sécurité sociale et notre monde du travail. Une réelle vision d’avenir consisterait plutôt à trouver davantage de ressources pour couvrir ces nouveaux besoins liés au vieillissement.

4) Le manque à gagner de la sécurité sociale

La sécurité sociale risque aussi, si son financement n’est pas repensé, d’imploser. Environ 20% du financement de la sécurité sociale est ainsi parti en fumée ! Cela s’est brusquement accéléré avec le fameux mais inefficace « tax-shift » mis en place par le Gouvernement MR - N-VA. Ce financement direct de la sécurité so­ciale a été partiellement remplacé par une compensation de l’Etat fédéral.

Asséchée à la suite des diminutions de cotisations sociales irréfléchies et dogma­tiques qui s’apparentent plus à des cadeaux octroyés aux entreprises qu’à une po­litique économique intelligente et réfléchie, la sécurité sociale est aujourd’hui au bord du gouffre. Car, en plus de cette réduction drastique des cotisations sociales sans compensations pour le financement de la sécurité sociale, la droite a dé­veloppé de nombreux modèles échappatoires permettant d’éluder le paiement correct de cotisations sociales.

En effet, les formes de rémunérations alternatives (sans ou avec très peu de coti­sations sociales) ont explosé. Ces rémunérations alternatives prennent différentes formes : éco-chèques, voitures de société, avantages liés aux résultats et autres bonus, stock-options, etc. et ne sont pas associées à des compensations au niveau du financement de la sécu’.

Le secrétariat social de SD Worx estime ainsi que cette «masse salariale extra-lé­gale» s’élevait à près de 7 milliards d’euros par an, même en ne tenant pas compte d’avantages tels que la pension complémentaire, l’assurance hospitalisation et les cartes de carburant.

La masse salariale totale des employés du secteur privé s’élève à 103 milliards d’euros. Le total du salaire exonéré pourrait donc être d’au moins 10%.

En outre, les transformations du monde du travail (digitalisation, nouvelles formes d’emplois et autres) induisent une

5) L’utilisation de la sécurité sociale comme variable d’ajustement budgétaire

En ce qui concerne la situation financière de la sécurité sociale, l’accent est sou­vent mis sur les dépenses et beaucoup moins sur les recettes. Ce soi-disant « trou » ou « manque à gagner » est ensuite utilisé pour d’une part monter des groupes de population les uns contre les autres - travailleurs contre les chômeurs, malades contre ceux qui sont en bonne santé, réfugiés contre le reste de la population, Flamands contre Wallons, etc. et d’autre part pour plaider pour davantage d’éco­nomie.

Toutefois, les dépenses de protection sociale de notre pays (30,3% du PIB) sont conformes à celles des pays voisins. Elles sont inférieures à celles de la France (33,9%), similaires à celles des Pays-Bas (30,2%) et légèrement supérieures à celles de l’Allemagne (29,1%).

Le cadre budgétaire européen dans lequel nous évoluons fait également peser la menace de coupes drastiques dans la sécurité sociale. Car si la sécurité sociale est majoritairement financée par nos salaires, l’État intervient également à hau­teur de près 30% dans son financement. Or, certains adeptes du chacun pour soi voient dans la sécurité sociale une dépense importante. Pourtant, couper dans la sécurité sociale, cela revient à abandonner des milliers, voire des millions de citoyens à leur propre sort.

On le voit, les forces de droites constituent la plus grande menace pour l’avenir de la sécurité sociale. Mais la plus grande opportunité pour la sécurité sociale de demain ce sont les forces de gauches.

A l’occasion du colloque exceptionnel consacré à l’avenir de la sécurité sociale de ce 19 novembre, la FGTB entend être, comme elle le fut par le passé, le moteur de changement afin d’établir une sécurité sociale qui garantisse à toutes et tous d’être toujours protégés.

 

Les clichés sur la Sécu'

 

 

Pourquoi la sécu' appartient-elle aux travailleurs ?