Carte blanche : réponse FEB pénibilité

15 novembre 2018
Presse

Dans une carte blanche, véritable ode aux réformes gouvernementales en matière de pension, la FEB tente de revenir sur les raisons de son refus de poursuivre les discussions concernant la prise en compte de la pénibilité au travail. Dès les premières lignes, ils volent au secours du ministre Bacquelaine et répètent le texte [qu’ils doivent par ailleurs avoir écrit ensemble] « Il est faux de dire qu’il faudra travailler jusqu’à 67 ans. » Cette tentative de sauvetage à 6 mois des élections ne trompe personne !

Retour sur quelques faits !

En ce qui concerne l’âge de la pension, il convient tout d’abord de rappeler qu’aucun parti de la majorité n’avait ne fût-ce qu’évoqué d’augmenter l’âge de la pension à 67 ans avant les élections. Les seuls qui demandaient ce relèvement étaient… la FEB. FEB qui demandait même de pouvoir aller jusqu’à 70 ans. Ceci alors que l’espérance de vie en bonne santé est en moyenne de 64 ans !

À ce stade, il convient de souligner que c’est donc la FEB qui oriente les lois et projets de ce gouvernement. Son objectif est très clair, asphyxier la majorité au profit de quelques-uns…

Parce que la FEB sait pertinemment que si elle veut continuer à pouvoir réduire les cotisations sociales payées pour financer nos pensions et plus globalement notre système de sécurité sociale, elle doit pousser les travailleurs à s’épuiser plus longtemps.

Car c’est là que réside le nœud du problème, la question centrale autour de l’avenir de nos pensions est de savoir comment les financer.

Aujourd’hui, les pensions légales sont financées par les cotisations sociales prélevées sur nos salaires. C’est ce qu’on appelle la partie de notre salaire socialisée ou différée. Ces cotisations font partie de NOTRE salaire. Or, chaque année, la FEB exige de diminuer la part de ces cotisations sociales.

Ce qui veut dire que chaque année, la FEB diminue le montant disponible pour financer nos pensions. Raison pour laquelle ils veulent nous faire travailler plus longtemps.

Pour garantir l’avenir du financement de nos pensions, nous estimons que de nombreuses alternatives crédibles existent :

1.  Arrêter de distribuer chaque année des milliards de réductions de cotisations sociales aux entreprises qui ne créent pas d’emplois. La FEB refuse…

2.  Aller rechercher des moyens au niveau de la fraude fiscale. Des milliards à aller rechercher tous les ans… largement de quoi augmenter nos pensions. La FEB hurle au populisme…

3.  Utiliser une partie des gains de productivité réalisés par les travailleurs pour relever nos pensions. La FEB dit simplement NON…

L’évolution de la productivité est pourtant un élément essentiel ! En effet, lorsque la FEB dit qu’en 2060, il n’y aura plus qu’1,7 actif pour 1 pensionné, contre 2,3 aujourd’hui pour 1 pensionné, elle oublie de rappeler que ces 30 dernières années, la productivité des travailleurs a doublé. Il faut donc 2 fois moins d’actifs pour financer nos pensions !

Et si on avait utilisé ces gains de productivité pour financer nos pensions, nous devrions avoir les pensions les plus hautes d’Europe. Pas les plus basses comme c’est le cas aujourd’hui !

Mais ces gains de productivité réalisés par les travailleurs ont été distribués autrement ! En 20 ans, les dividendes des actionnaires ont ainsi augmenté de…+ de 320 % !

Contrairement aux positions dogmatiques et peu constructives des patrons, les syndicats étaient prêts eux a effectivement entamer un débat sur l’avenir du financement de nos pensions. Mais la FEB, main dans la main avec Bacquelaine, a refusé !

La pénibilité au travail niée pour des raisons budgétaires !

Lorsque la FEB explique qu’ils ont retiré la prise des négociations parce que pour les syndicats, « la moitié des travailleurs du pays devaient se retrouver sur la liste des fonctions pénibles », ils évitent évidemment d’aborder les réelles motivations de leur décision.

Depuis le début des discussions, les syndicats répètent qu’il est impossible de discuter pénibilité sur base d’un budget aussi restreint que celui fixé par le ministre Bacquelaine. Comment est-il envisageable de réduire la discussion sur la pénibilité à une question de budget, qui plus est totalement insuffisant, alors qu’il est question de la santé des travailleurs.

Les syndicats ne sont d’ailleurs pas les seuls à identifier ce problème. Le Conseil d’État a ainsi émis de sérieuses réserves dans son avis sur l’avant-projet de loi pénibilité. La raison principale ? Une enveloppe budgétaire limitée ! Le projet de loi prévoit qu’il doit être tenu compte des limites budgétaires. Les critères objectifs permettant de déterminer la pénibilité d’un métier seraient donc soumis à un impératif financier. Ce qui pour le Conseil d’État est contraire au principe d’égalité et entraînerait des différences de traitement.

Ce que la FEB cache également, c’est que la revendication des syndicats n’était pas que la moitié des travailleurs du pays se retrouve dans les conditions de pénibilité, mais qu’ils proposaient uniquement un cadastre permettant de suivre tout au long de la carrière d’un travailleur les conditions de pénibilité auxquelles il serait soumis. Là aussi, c’était trop pour la FEB.

Lorsque la FEB, en chœur avec Bacquelaine, avance qu’il ne faudra pas travailler jusqu’à 67 ans parce qu’il reste possible de partir en retraite anticipée à 63 ans avec 42 années de carrière, elle oublie évidemment de rappeler que la carrière moyenne des femmes en Belgique est de 36 ans. Ce qui signifie dans la réalité que, faute du nombre d’années requises, 54 % des femmes ne pourront donc pas accéder à la préretraite à 63 ans.

Mais nous aurions pu avancer n’importe quel argument, tant que nous n’acceptions pas de préserver les dividendes des actionnaires de la FEB, nous n’aurions JAMAIS été entendus.

Il nous reste aujourd’hui à nous faire entendre autrement. Dans la rue. Devant le cabinet Bacquelaine. Et aux portes des grandes entreprises véritables membres de ce gouvernement !

Pas d’autre choix !